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Quelle place à Toulouse pour l’expérimental ?

Au début, l’Ina a soutenu ma démarche et m’a prêté, oui, m’a prêté des films, et j’ai rencontré Robert
Cahen… celui qui a ouvert les pistes expérimentales en France.
Pour ouvrir à plus de personnes, pour faire connaître à d’autres - pour ce partage - il fallait des subsides
et l’on m’a conseillé de fonder une association… alors un proviseur fabuleux - aux Arènes - laissait le lieu
aux étudiants, des possibilités d’approcher le matériel pour les artistes ; il nous offrait le buffet pour
Traverse Vidéo, grignoter ensemble fonde aussi un groupe ! Au départ, nous avons été accueillis,
applaudis, mais désormais ce sont des difficultés pour la moindre action, à cause des règlements en
prévention de tout.
Des difficultés, mais aussi de très nombreuses propositions, de Toulousains comme de partout… grâce à
notre site – ou plutôt nos sites très consultés : j’aime sourire et dire que nous sommes la seule associa-
tion à avoir deux sites à lectures différentielles.

          Traverse a ainsi pris de l’ampleur, et des lieux avec lesquels, nous continuons à travailler ; des
lieux affectifs avec des contraintes quand ils sont patrimoniaux… mais la gageure est positive pour l’esprit
mais sans vraiment de censure, sans doute parce que les propositions sont faites aux partenaires en
connaissance de cause. Et nous avons abandonné des lieux pour cela, je me souviens d’une vidéo
arménienne refusée parce qu’un sein s’y découvrait alors que la performeuse se tenait au sol.
En revanche, Traverse se poursuit par militantisme : bénévolat, bien sûr pour moi, qui ai mon salaire de
professeure et qui désormais n’ai plus à boucher les manques ; nous savons avancer économiquement.
Par ailleurs, certains étudiants prennent le virus et travaillent dans les rares lieux de l’expérimental, comme
Juliette Achard avec Boris Lehman, ou Jean-Baptiste Alazard que j’ai pu programmer avec son film de fin
d’études de la FEMIS, Mittelwerk Express.
Le référentiel du BTS inclut l’art vidéo et certains étudiants s’impliquent fortement dans Traverse, bande-
annonce, bout-à-bout, projections, montage des installations, “main d’œuvre” des performances.

          Pourquoi est-ce que je continue dans ce militantisme : sans ostracisme, sans prévalence d’un
genre par rapport à un autre - je ne suis pas une femme du genre - mais avec des programmations
différenciant les médiums, pour que, de l’autre côté, on s’y reconnaisse.
Je ne m’attache pas aux termes… même si j’aime les mots et leur coefficient de sens.

          Et puis défendre la pellicule ; j’en ai reçu beaucoup moins cette année : seulement cinq films ont
été retenus… je suis obligée de constater que les artistes de la pellicule abandonnent et envoient leur
travail pellicule en… DVD !

D.J : La pellicule est passée du cinéma au musée.

M.P : Peut-être… Musée lieu de préservation de la pellicule comme on va dire sans distinguer… comme
on a un grand retour de l’édition papier… On n’arrête pas de nous dire que le livre disparaît et pourtant de
plus en plus de livres d’artistes paraissent.
Même terrain : Pellicule & Le livre en réaction face à la déferlante numérique, pour totalement réinvestir le
champ des arts…

D.J : Le papier ne peut être remplacé.

S.D : à cause de la sensualité de son toucher.

D.J : Mais dans la projection, on ne peut pas voir la différence entre le numérique et la pellicule.

S.D : Ah non, la différence se perçoit, le numérique produit du champ plus plat, beaucoup plus éclairé
comme unanimement…

16ème édition des Rencontres Traverse Vidéo                                                                      13
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