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Quelle place à Toulouse pour l’expérimental ?
S.D : Kamil fait des interventions, il est du groupe de Serge Pey… il m’a envoyé des propositions de
performance, mais parfois je mets du temps pour trouver les lieux acceptant certaines performances, ainsi
pour un travail sur le Capital de Marx avec le collectif Grenze - dont chaque concept était visualisé,
géométrisé, formalisé, il m’a fallu deux ans, à Toulouse, pour qu’on accepte. Quant à Kamil, il veut
performer nu avec un bloc de glace, ce qui requiert aussi des critères techniques, mais surtout l’accepta-
tion d’un lieu, j’y travaille.
Parfois, un lieu propose un projet comme la cinémathèque avec un ciné-concert, que j’aurais sans doute
appelé “cinéma élargi”, puisque Neverending Limbo est une relation amoureuse, une sensation différente
image/musique… expérimentale !
La discussion portant sur ce qui a lieu dans les espaces toulousains, elle entraîna la question de
l’exigence des organisateurs… certains défendirent un aménagement des œuvres dans un dispositif pour
faciliter l’approche de l’œuvre ainsi exposée, Traverse refusa cette modalité.
S.D : Je veux dire que si pour attirer sur des formes du cinéma dit expérimental, on le transforme en
amusement, c’est comme simplifier du Proust, raccourcir ses phrases pour en rendre la lecture accessi-
ble, ce qui équivaut à empêcher la rencontre avec l’œuvre : il faut se confronter, avoir la patience. Pour
ma part, ma pratique est de ne pas édulcorer le “terme expérimental”, c’est aussi cela que j’appelle
militantisme et je n’ai pas peur du militantisme, lié à une formation d’exigence depuis le départ. En revan-
che on se retrouve, on en discute, il n’y a pas une règle à apprendre, c’est de l’ordre du sensitif. Quant à
l’argument d’un “genre” pour l’élite, c’est une vieille lune, une fausse étiquette, puisque l’élite c’est tout un
chacun, à partir du moment où on l’aide à s’approcher ; la culture se fonde sur l’ “avoir vu”.
Quant au cinéma expérimental, ne le réduisons pas à des images distordues et c’est dommageable de
donner cela comme argument sur la difficulté… depuis deux ans, ce que je reçois le plus fréquemment,
c’est une recherche de la beauté, des bains de la beauté avec des structure inattendues. Pour lire tout,
même pour lire la bonne BD, pour tout, il faut une formation.
L’accord se fit sur la nécessité d’agir pour ouvrir la sensibilité, d’agir pour une éducation de ses
formes. Pousser à un comportement actif, ce que la société ne veut pas nécessairement, préférant
abreuver “de télé de machins…”
Des rappels d’actions et le projet de travailler dans cette voie.
Thérèse Urroz rapporte les fonctionnements des actions éducatives et les règles et modalités à
suivre par une structure pour poser sa candidature.
S.D : Les actions passées du Clémi – abandonnées faute de subventions- des ateliers aux Arènes, voués
au documentaire “le documentaire expérimental ça existe !” : pendant trois jours, atelier d’analyse des
films; décryptage ; propositions faites par des artistes à l’extérieur ; une structure à réactiver.
Réaction d’une étudiante regrettant que les classes à option cinéma n’offrent aucune sensibili-
sation au cinéma expérimental.
B.M : En effet, la place de l’expérimental reste assez mitigé dans l’enseignement - uniquement en
MASTER à Barcelone.
16ème édition des Rencontres Traverse Vidéo 15