Page 14 - catalogue_2013
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Quelle place à Toulouse pour l’expérimental ?
D.J : Le papier, il y a un contact, ça reste ; mais à l’œil, je ne suis pas si sûre que l’on reconnaisse de la
perte dans la numérique.
Le public lambda, s’il existe, construit son propre regard. Et puis le son est plus important que l’image, je
vois des trames, des défauts d’image : mais le son impeccable me laisse regarder ; si le son est mauvais,
le public sort. L’oreille est plus pointue que l’œil ; si le son est très bon : l’œil recompose car il est habitué
à scruter les vidéos de qualités différentes.
S.T : La vidéo projection a toujours le même son, pas comme le son d'un film dont la chaleur et la
profondeur ne sont pas les mêmes. La vidéo est plus froide même si c’est une question d’éveil, d’éduca-
tion à l'image, j’en juge par mon expérience personnelle.
M.P : La priorité, du moins, une des priorités, c’est l’éducation de l’œil. Notre pays est un pays littéraire, ce
qui se perçoit jusque dans l’environnement visuel, qui diffère de Barcelone où le visuel est plus pointu, ne
serait-ce que la décoration du camion des éboueurs qui prouve d’autres graphismes ; en France, on part
de très, très loin pour l’exhibition des choses.
D.J : La France est plus dans la lettre...
M.P : …un rouleau compresseur d’uniformisation culturelle où les propositions marginales sont de plus en
plus précieuses pour maintenir la qualité et la diversité de propositions… ce qui produit des difficultés de
diffusion ; et la solution qui nous est proposée à nous, petites structures, c’est de nous mutualiser… or cela
annulerait le panel de diversités de l’offre pour aller de plus en plus vers l’évènementiel ; “Un bon moment
bien visible”.
F.L : Je suis contre l’évènementiel à tout prix mais il me semble que Faites de l’image ne soit qu’une
compilation d’un événement mensuel à l’origine… Trop d’offres nuit-il ?
S.D : Je n’en suis pas sûre, au contraire, celui qui fréquente les cinémas peut se rendre à la bibliothèque,
à chaque fois qu’il le veut, mais pour voir des propositions différentes, il faut apprendre à attendre et à ne
pas penser rencontrer l’Œuvre à chaque essai… Ouvrir des champs de rencontres sans vouloir une
vérité, entraîner vers l’autre que ce que l’on connaît.
Pour cette diversité qui fait l’œil, il faut provoquer un maillage avec des lieux particuliers et se lancer dans
le bricolage… ce n’est jamais du préfabriqué : ainsi aux Carmélites avec la gageure de “monter” les
œuvres sans gaffeur ni pointes ; en construisant des structures : quatre jours de travail avec des étudiants,
du placo-plâtre, calculer des trous pour des écouteurs ; acheter des MP3… nous devenons un peu
producteurs et parfois, cela me gêne un peu, quand le jeune artiste arrive avec la naïveté qu’il suffit de faire
le dessin du projet sans la faisabilité calculée.
Thérèse Urroz réexplique aux Vidéophages les activités des collégiens du Tarn avec l’artiste
Kamil Guénatri et la discussion revient à la performance et aux difficultés que nos structures rencontrent
pour ce faire.
14 16ème édition des Rencontres Traverse Vidéo