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Quelle place à Toulouse pour l’expérimental ?
Pour revenir à notre travail ensemble, ce n’est pas pour moi une nécessité de fonctionnement – hormis
pour un local que nous cherchons et pourquoi pas à mutualiser, car nous nous nous débrouillons ; car nous
avons un carnet d’adresses conséquent et peu de difficultés à trouver des lieux d’expositions… ainsi en
avons-nous abandonné très volontairement, pour des raisons le plus souvent inhérentes à la manière dont
ils “traitent” les propositions d’artistes. Sans doute mon vieux fonds judéo-chrétien du partager m’y convie.
Pour EPITECH, nouvel espace, expérience car une vitrine me semblait utile aux propos d’une
œuvre proposée par un étudiant du Fresnoy. Nous y sommes allées pour exposer le projet et ce qui nous
anime et son directeur nous a dit “oui” tout de suite. Finalement ce type de démarche un peu particulière
ne déplaît pas… comme nous sommes de petites structures, nous pouvons aussi subir des changements
par rapport à une personne, ainsi Agnès B a changé de directeur artistique à Paris… et j’ai refusé de
continuer avec eux - dommage pour le “book” des artistes, mais favorablement pour leur travail. En effet
il me fit une demande surprenante : il faut que l’artiste change ça, ça, ça et ça et que cela convienne à
toutes les vitrines Agnès B de France ! Je refuse ce genre de propositions : soit on prend soit on ne prend
pas ! On ne demande pas à l’artiste de changer parce que ça ne correspond pas à la ligne publicitaire et,
dès lors, consensuelle quel que soit le nom du lieu et même si “ça fait bien” dans le programme, impossi-
ble d’accepter. Je tiens à garder ce jusqu’au-boutisme… ce dont nous parlions plus tôt.
Et je tiens absolument à des lieux, comme les Carmélites pour confronter le patrimonial et le contempo-
rain ; les Abattoirs, alors qu’au début, ce fut un peu difficile, cependant resterait la réduction à des
séances films puisque un tel espace programme deux ou trois ans à l’avance, alors que nous n’avons pas
la possibilité d’avoir une programmation sur trois ans ; la manière dont ils travaillent fait que Traverse ne
peut pas, cependant, j’ai contourné la difficulté – car Traverse mêle les médiums - en demandant
d’inclure une performance.
Pourquoi travailler ensemble : propositions de Traverse qui pourraient intéresser :
Un carnet commun avec des dates qui n’attaquent aucune association ; un parc de matériel commun
comme des vidéoprojecteurs, car il reste dommage que des appareils ne soient utilisés qu’une fois
l’année.
Par ailleurs, je rassure : je ne veux prendre la place de personne, je n’ai pas besoin de Traverse pour en
vivre ; j’ai mon salaire, mais je tiens à payer un salaire et les stagiaires ; Traverse parvient à être avec un
budget de moins de 30 000 euros…ce qui s’avère de plus en plus funambulesque.
Je continue parce que je crois l’expérimental - je reviens au mot - lieu d’ouverture, contre l’esprit grégaire
et que nous faisons autre chose que les autres associations.
M.P : Travailler ensemble ce n’est pas forcément “s’accueillir les uns les autres”, ce qui répond au
partenariat ; on sent qu’on va dans des directions communes, la façon de porter une parole tout le temps;
il y a de ça, c’est vrai.
Je ne dis pas qu’il faut une parole commune, mais j’accepte qu’il y ait justement des choses à inventer,
plutôt que de rajouter dans de l’existant ; l’invention, l’idée d’une université populaire et justement : cet
auditorium des Abattoirs qui va devenir de plus en plus actif ; ce n’est pas uniquement la personne respon-
sable qui va les programmer, je pense qu’il y a là des ouvertures ; inventer ce type de forme comme une
espèce de rendez-vous bimensuel, une université - ce n’est peut-être pas le bon mot, populaire non plus!
Mais accompagner par la parole certaines formes, certaines œuvres, c’est plutôt rare.
S.D : Je l’ai fait à Annecy, à Valence, à Toulouse… j’appelle cela “séance accompagnée”… eh oui, cela
marche.
16ème édition des Rencontres Traverse Vidéo 17