Page 76 - catalogue_2013
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Laurent FIEVET, Olivier INNOCENTI, Jean-Pierre PANCRAZI
DECADE - Neverending Limbo
DECADE – Neverending Limbo, performance à trois voix, combine interprétation musicale,
lectures et déploiements d’images en réseaux fluctuants.
Un travail toujours revisité selon les espaces qui l’accueillent, et repensé scénographiquement à chaque
fois, offrant à ses interprètes une large place à l’improvisation.
La performance puise sa substance visuelle dans les méandres des montages réalisés par Laurent Fiévet
chez l’actrice Gene Tierney*, sa texture sonore dans la musique électroacoustique générée au Bayan et
au bandonéon par Olivier Innocenti et mise en perspective par Jean-Pierre Pancrazi empruntant aux
textes du patrimoine littéraire et cinématographique pour leur force d'évocation, leur puissance lyrique ou
leur atmosphère onirique.
Jouant d’une savante lenteur, visant à créer un effet hypnotique, l’expérience s’apparente à une sorte de
rêve éveillé déstructurant et recomposant la ligne du Temps, modelant dans sa progression affects et
sensations pour mieux aider le spectateur à franchir une à une les strates de la mémoire et le toucher au
plus profond de l’intime.
*Gene Tierney que Decade exalte en empruntant autant de phrases musicales les plans de la
Laura de Preminger, dont l’incipit d’emblée implique un inoubliable “I shall never forget the week-end Laura
died / Je n'oublierai jamais le week-end où Laura est morte”.
En quelques lignes, la trame scénaristique : Laura, jeune femme belle et active, qui travaillait dans la publi-
cité, est découverte morte, dans l’entrée de son appartement luxueux, le visage détruit d'une décharge de
chevrotine. Le lieutenant McPherson, chargé de l’enquête interroge ses proches, et très particulièrement
Waldo Lydecker, critique à la plume cynique, mentor de Laura qu’il a introduite dans son monde, et Shelby,
un aristocrate désargenté qu’elle devait épouser. Cependant le policier, en écoutant les témoignages, en
lisant sa correspondance et son journal intime, et subjugué par un portrait d’elle, est pris sous le charme
de Laura. Trois jours après sa découverte en cadavre, Laura réapparaît…
Le montage en est synecdoque, il reprend les mimiques d’effroi de la gouvernante la revoyant vivante, il
revient au tableau, à elles, à eux… il en est un chant amoureux.
Performances - Histoire(s) 77