Page 97 - catalogue_2013
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Léandre BERNARD-BRUNEL

                                 Après Watteau / D'après Watteau

                En un plan fixe, le panorama touristique s’enlace à la trace heureuse de L’Embarquement pour
     Cythère de Watteau.
     Conçues en un jeu de trappes et de superpositions, des entrées et sorties de champ du réel comme du
     vidéographique, convoquent la peinture et une scène de théâtre du XVIIIème siècle avec son vestibule et
     ses couples oisifs, en un lointain écho de l’univers de Fêtes Galantes. Un musée imaginaire en un parc
     exotique.

                Un méta-genre qui sait que l’on voit d’autant plus loin que l’on se place sur les épaules des
     précédents d’après la métaphore qu’employait déjà Bernard de Chartres au XIIème siècle, en se qualifiant
     de nain juché sur des épaules de géants - les Anciens. Et, très loin de l’atmosphère distanciée de la valse-
     musette de Poulenc pour deux pianos qu’elle emprunte pourtant, cette œuvre embrasse amoureusement
     le tableau.

                Une simple surimpression provoque le méta-genre, elle entrelace le fixe et le mobile, le passé et
     le présent mais aussi le ça-a-été d’une promenade et le désir amoureux. Après Watteau / D’après Watteau
     vivifiant l’image fixe matrice par les déambulations de plaisir de la découverte contemporaine, vivifie l’ima-
     ge en mouvement par l’enrichissement des recherches de composition picturales. Le cosmos - au sens de
     monde beau parce que calculé - fonde les scènes de vacances qui échappent ainsi à la fuite du temps...
     estival. La couleur d’un monde qui n’est que couleurs voilées, tendres sur un sfumato qui atténue les lignes
     trop rigoureuses adoucit celle trop convenue des scènes de vacances…
     La suite des mouvements des couples de Watteau dessine le cheminement vers le bateau qui emporte
     vers l’île d’Aphrodite… elle glisse ce sens dans les mouvements beaucoup plus convenus de vacanciers…
     mais, ainsi, reste en suspens, cette incitation au voyage amoureux. La touche palpitante de la peinture
     dévulgarise les couleurs fortes estivales. Les teintes franches de la photographie fortifient la timidité des
     contacts amoureux…

                                                                                                     Simone Dompeyre

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