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Qingmei YAO

Quelle est votre relation à l’art contemporain ? Quelles sont vos techniques de prédilection ? Quels
sont les thèmes qui vous posent question ou ceux que vous aimez travailler ?

J’ai une approche de l’art politique et social. Mes préoccupations tournent autour de la mise en
forme d’un questionnement politique, au travers des performances, avec la vidéo, la photographie, et
l’écriture.
Actuellement, je m’investis dans une forme spectaculaire de la performance, j’y intègre des éléments emprun-
tés au cinéma, au théâtre et à la danse contemporaine, j’y inscris un personnage costumé, un scénario écrit,
une mise en scène, des décors peints et de la musique « live.»
Mes actions sur scène sont un mixage de la réalité et de la fiction. Je me glisse dans le rôle de person-
nages idéalistes, obstinés, parodiques mais tristement sérieux d’autant qu’en tant que performeuse, mon
corps possède une qualité assez rigide pour réussir les ratages et la maladresse quand il faut sur la scène.

Le projet :
A l’intérieur d’un appartement, lieu idéal sans aucune contrainte, elle raconte et joue le scénario

de son intervention qui devrait avoir lieu dans le magasin de luxe Louis Vuitton, avenue Montaigne à Paris,
où en tant que Mme Ling. V, nouvelle riche chinoise, elle ferait une crise de nerfs. Son installation pose une
question cruciale : la performance nécessite-t-elle la répétition ? La réponse de Qingmei a induit cette
mise en espace de répétition qui se réclame d’une performance avant la performance, archive montrée
avant la réalisation elle-même.

La réalisation à la Chapelle des Carmélites :

Embarquée par la question du rapport du lieu précis avec la performance, cette Pré-Performance

a elle-même changé. Devenue installation, la Pré-performance de Mme Ling.V sur l’avenue Montaigne

inclut la vidéo de la répétition de la performance, dans un espace de la chapelle, cependant que

Qingmei déambulait dans la nef de la Chapelle tout au long du vernissage puis de la soirée…

Ce n’est plus l’appartement de la riche Chinoise qui s’y « évoque » mais une synecdoque moqueu-

se du magasin. La colonne portant l’écran de la vidéo est recouverte d’un échiquier marron et noir, qui

masque une partie du faux-marbre de la Chapelle sur lequel une photographie parodiant la traversée d’une

avenue par les Beatles, multiplie par quatre une acheteuse caricaturale de l’enseigne de luxe. Le manteau

qui doit être porté lors de la « visite» chez Vuitton y est suspendu. Les escarpins noirs connotatifs d’élé-

gance les jouxtent comme ils jouxtent un sac venu de chez Emmaüs sur lequel Qingmei a brodé les initia-

les V.L. en laissant le fil pendre.

Elle s’immisça dans les conversations nées près de telle ou telle œuvre exposée, se présentant

comme cliente de chez V.L. en arborant le sac et juchée sur les talons. D.S.

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