Page 122 - catalogue_2014
P. 122
maquette 2014_TRAVERSE_VIDEO:maquette 2013 06/11/2014 15:53 Page 121
Céline PIERRE
En s’appropriant des textes d’Aristote, de livres divers qu’elles rapprochent parce qu’ils répon-
dent à la théorie du mouvement, de l’activité, liée à celles de la limite ou du vivre désirable, les Chroniques
d’indi-vision disent la confiance en être.
Sans naïveté bénigne, s’y avèrent l’amour de vivre, d’être, l’amour de l’enfant, l’amour du sol, du faire.
«Tout est ensemble » est dit.
En camaïeu de noirs puissants ou atténués, de blancs nets ou dilués, de gris poudrés ou d’entre-deux, en
contours nets ou silhouettes perturbées par le doublement des lignes, la terre est auscultée.
Terre de campagne, collines et maison, hangar à outils ou prés en perspective aérienne, lieux vides ou
habités par deux enfants jouant, par un homme travaillant, par des brebis et des moutons…
Terre à travers les changements des mois d’une année... du printemps à la pluie automnale envahissante
ou de l’été des jeux dans les champs à la plaque de glace tenue par l’enfant, les lieux glissent vers un pro-
jet que les Grecs en Hésiode surent poser comme fondement.
Ces nouveaux travaux et ces jours déclinent les préceptes d’Aristote, le mouvement, l’action de
faire ou de transformer, d’agir ou de subir : pour exemple, l’homme longtemps hors-champ coupe les bran-
ches mortes, il en fait un brasier auquel veut participer l’enfant qui ne veille pas aux conseils de prudence
et qui clopine par la suite.
La nature naturante comme la nature naturée sont indissociables. La pluie zèbre le ciel du dehors
comme du dedans quand elle est regardée derrière la vitre. La porte s’ouvre et se ferme sur la baraque à
outils, y est fixé un panier de basket : jeu et travail sont les deux pôles sans lourdeur moralisante.
L’image emblématique est celle de deux enfants aux cheveux courts châtains ou aux longs che-
veux blonds qui prennent l’espace en jeu.
Le sol est dit maison : sans inquiétude, les enfants courent, sillonnent l’espace occupé par
les animaux. L’amitié est ce qui est aimé dans cet espace.
L’animal a droit au gros plan mais plus encore, c’est l’enfant qui est portraituré jusqu’à saturer le champ du
visible.
«Voir » y rejoint « aimer » et la terre et les êtres qui y vivent, ses enfants… et indi-vision le trait
d’union sait ce qu’il dit. En mot simple, ce serait revenir à un terme de loi : un bien est dit indivis lorsqu'il
appartient à un ensemble de personnes, sans que l'on puisse le répartir en lots entre elles, sans qu'elles
puissent en vendre leurs parts sans l'accord des autres.
Ce bien est la terre…En mot composé s’incluent le voir, l’agir du voir, la vidéo…
Vivre-voir est une chose douce et désirable.
Simone Dompeyre
Installations / Boucles vidéos - Processus 121