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                                Qingmei YAO

                                              A la Chapelle des Carmélites
                                  Pré-performance de Mme Ling.V sur l’avenue Montaigne

                 Qingmei Yao s’est prêtée au jeu de l’ITV à «questions claires» lors du Salon de Montrouge, Hauts de Seine,
                 où elle a exposé.

                               Quelle artiste êtes-vous ? D’où venez-vous ? Quel est votre parcours de manière générale ?
                 Quelles sont les raisons qui vous ont conduite à créer des oeuvres d’art contemporain ?

                            Je m’appelle Qingmei Yao. Je viens de Chine. J’ai passé mon DNAP à l’ENSA de Limoges et ai
                 ensuite intégré la Villa Arson de Nice pour le cursus supérieur. Cependant, en Chine, avant de venir en
                 France, j’avais dû suivre des études de marketing, formation pragmatique qui contribue davantage à la
                 glorification de la consommation capitaliste qu’à celle du communisme. En outre, je ne l’avais pas choi-
                 sie mais j’ai été choisie pour la faire.
                 Je suis d’une génération née après la Réforme économique du début des années 1980 en Chine. Sans avoir
                 connu l’économie planifiée, je suis née et ai grandi dans le rejet du passé et dans l’enchantement du mar-
                 ché libre. Cependant, mon corps, un corps banal parmi des milliards d’autres, est un corps imprégné
                 depuis sa naissance, par un bain politique où les signes, les images, les gestes, les textes et les discours
                 se décrochent totalement de la réalité qui nous entoure.
                 Cette situation est à la fois ambiguë et frustrante : pourquoi suis-je condamnée à être idéaliste pour me
                 confronter à un tel crucial réel ?

                                 Le corps n’est-il pas emporté dans un mouvement perpétuel d’opposition, d’assimilation, de
                 dépression et d’exaltation ?
                 Heureusement que je suis entrée aux Beaux-Arts pour me sortir de cet état de sado-masochisme idéolo-
                 gique. Je peux désormais prendre tout ça d’une manière plus légère et distante à travers des gestes de
                 déplacement et de détournement avec un humour triste. Le scepticisme, le regard critique et le burlesque,
                 c’est ce qu’on peut trouver dans mon travail.

                                                                                                               Photo Yao Qingmei

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