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                            Karolina RYCHLIK

                                              A la Chapelle des Carmélites
                                                          As the water falls

                              La danseuse et performeuse Karolina Rychlik a investi l’espace d’une vieille usine de laine,
                 désormais désaffectée, à Biela, en Italie. On peut encore entendre en fond la rivière proche grâce à laquel-
                 le fonctionnait l’activité ouvrière, activité perdue à cause des transformations imposées par une socié-
                 té de plus en plus portée sur le profit. Cette situation est symptomatique des fréquentes délocalisations
                 en Asie, qui ne laissent que le vide, là où travaillaient et vivaient des ouvriers et là où sévit le chômage.
                 Cette population ainsi abandonnée à la détresse n’a pas son mot à dire, cependant certains artistes
                 veillent.

                            Karolina Rychlik est de ceux-là. Perfomeuse et danseuse, elle retient la parole du corps pour
                 redonner vie à cet espace.

                            Le bâtiment industriel bénéficie ainsi d’une vie renouvelée, quoique fort différente de celle du
                 travail de la laine. La danseuse le transforme en une usine d’idées où la fonction artistique parvient à tri-
                 coter un nouvel environnement et à raccommoder avec soin l’usine. Se faisant danse, elle prend position
                 dans cet espace vide où elle s’enferme pendant onze heures. Elle reste muette en entendant les différents
                 bruits qui rapprochent le passé et le présent, ceux de la rivière, ceux des anciens mécanismes de l’usine
                 qui subsistent à l’extérieur. Eau, bruit, terre, vide, qui se mêlent dans cette même salle, provoquent des
                 sentiments étranges.

                            Certes l’eau de la rivière est réduite à sa sonorité et la grande salle est vide de tout aménage-
                 ment mais les murs blancs sont disponibles et des rampes de lumière sont suspendues. Même si elle ne
                 peut ressusciter l’activité écrasée pour des raisons économiques, Karolina l’occupe.

                            La performance-vidéo provoque cependant un sentiment d’appréhension par sa scène vide,
                 blanche, espace que veut s’approprier la danseuse, quand c’est finalement l’espace qui s’empare d’elle.
                 Cette sensation vient de ses mouvements rapides, répétés, de ce qu’elle se jette au sol et contre les murs.
                 Le montage accéléré y participe, connotant sa solitude alors que le spectateur ne peut que rester exter-
                 ne, il suit son agitation sans pouvoir intervenir, sans pouvoir arrêter ce qui se trame, là dans cette boîte.

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