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                                Agnès QUILLET

                                             Au Centre Culturel Bellegarde
                                                              Incident

                              « Subjugation » s’impose comme terme pour dire l’influx ressenti devant Incident puisque trois
                 visages s’y faisant / défaisant accrochent, ravissent celui qui a poussé la porte où ils se découvrent comme
                 en lévitation puisque selon l’heure, l’obscurité exclut les socles ou bien la semi- lumière ne sépare pas du
                 gris des murs celui de ces supports. Subjugation pourtant vécue sans le poids de domination d’une victi-
                 me sous un maître, ce qu’implique le terme en psychologie, mais en revenant au sème premier qui a pro-
                 duit le verbe « subjuguer ».

                               S’y lit et ne s’y lit pas l’incident annoncé. Il s’y lit si l’on n’y cherche pas le petit fait divers
                 que le terme appelle dans la langue courante. Ainsi Agnès Quillet aime-t-elle rapporter le terme au
                 domaine de la physique qui distingue par là « un corps, un rayonnement qui se dirige vers un autre
                 corps, avec lequel il interagit ». Cependant, la polysémie emporte un autre domaine celui de ce qui
                 arrive, se présente y compris à l’esprit in-cadere/ tomber dedans... mais aussi in-caedere entailler,
                 inciser, couper, interrompre quand l’usage de la langue française l’a édulcoré face à l’accident tou-
                 jours dit dramatique.
                 Incident superpose autant de strates sémantiques.

                            Trois écrans assez distants pour que chacun exerce sa force d’attirance, assez proches pour
                 que du sens s’infiltre dans cette position. Trois écrans de face ou légèrement en biais pour le troisième
                 pour que se produise une démarche du regard, ponctuée par ce dernier.

                            Trois visages, l’ordre adopte celui des trois âges selon le sens de la lecture induit par le dispo-
                 sitif ; une adolescente aux longs cheveux raides dont la moitié est teinte en blond, une femme aux che-
                 veux bruns ondulés plus ou moins ramassés sur la nuque, une femme âgée au chignon gris.

                            Trois plans fixes, trois espaces par la vertu de trois fonds sans profondeur du champ, pour toute
                 organisation de l’espace, un tissu vert avec ramures et fleurs en bouquets jaunes, tendu plus qu’une tapis-
                 serie, des pliures l’attestent pour le premier ; un bleu avec nuances pour le second quand le troisième pré-
                 fère le dessin de bouquet et de croisillons net et gaufré d’une tapisserie blanche. S’y fondent trois
                 atmosphères sans délimiter de lieu pour une histoire.

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