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Nenad BOGDANOVIC

A la Galerie Concha de Nazelle
The Process of Wound

The Process of Wound, l’une des deux performances de Nenad Bogdanovic programmées
dans cette édition Processus, revient, dans le double langage de l’artiste à ses préoccupations essen-
tielles, en liant son corps impliqué personnellement à l’état du monde et très précisément à la situa-
tion de son pays, la Serbie.

En très grand format, couvrant le mur de la salle dans son entier, trois vidéos projetées sur son
corps se succèdent, elles marquent le lent processus de cicatrisation post-opératoire dont ce corps porte
les stigmates. Cependant, cette souffrance personnelle est rapprochée de l’Histoire puisque chaque
étape y est rythmée par un hymne ; chacun symbole musical d’une nation, nés pour certains lors d’une
Révolution changeant ou désirant changer le statut d’un pays de monarchie en république pour exemple la
Marseillaise mais aussi durant la répression de tel peuple ou parce qu’ils étaient vecteurs d’unité nationale.
Tour à tour l’Internationale, l’hymne de l'ex-Yougoslavie avant celui de la Serbie participent à la performan-
ce en indice de la pensée de Nenad Bogdanovic en ce qui concerne le devenir de son pays.

La première projection découvre une plaie fraîchement suturée, visiblement très à vif, la seconde
décrit la plaie dont les sutures ont été retirées mais encore sensible. Lors de la troisième, la blessure suit
son processus de lente résorption sans réellement s’estomper totalement puisque elle garde très visible-
ment des cicatrices.

La salle de la galerie est comble, Nenad fait front, debout, très droit, en vêtement du quotidien,
tee-shirt et pantalon noirs il regarde et ne regarde pas... les bruits deviennent murmures puis silence par-
fois coupé de réactions d’étonnement, de crainte, d’émoi.

La relation hymne/blessure déborde la seule lecture que celle d’une guérison personnelle, elle
entraîne vers la question du politique et vers l’inquiétude devant la longue maturation des exactions com-
mises et les douloureuses transitions que son pays a connues. Sa plaie intime, le bas du ventre exhibé,
serait métaphore de la blessure de tout un peuple, puisque la patrie de Nenad Bogdanovic est aujourd’hui,
partagée entre des zones ethniques qui s’affrontent encore. Alors que pendant des siècles Serbes, Croates
et Musulmans avaient vécu ensemble, sa génération a enduré cette déchirure nationale intervenue dans
les années 90.

L’émotion de l’artiste est palpable comme celle du spectateur assis à même le sol, ou debout
agglutiné ; elles se densifient lorsque l’image filmée se tait pour le corps signifiant de Nenad. Le performer
reste face à une caméra sur trépied, toujours figé, dans une posture toujours très raide, il semble respirer
l’instant, mais est très visiblement pris par d’autres images et souvenirs.

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