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Pascale CIAPP

A Prép’Art

Whyne

« Depuis plusieurs années, j’explore le corps genre féminin-singulier et féminin-pluriel et sa relation aux
environnements, aux autres, à l’autre : un corps, matière et pensée, en constante interaction. »

Pascale Ciapp

L’action, Whyne porte l’empreinte de ce principe de création. Soirée du jeudi 20 mars, au cœur
d’une étrange rue intérieure pavée, sous des verrières élevées, friche industrielle devenue ateliers de
l’Ecole Prép'art, Pascale Ciapp s’assit au-dessous de mezzanines attenantes aux escaliers menant aux
salles de l'école. La situation très pensée, dans un tel cadre composite, où la performeuse s’était placée
de manière à la F/f(oi)s à désigner, cacher le chemin pour rejoindre d’autres lieux, se fit écrin pour un rite.

Rite de vin/de sang.
Un sacrifice, pour le vivre des regardeurs.
Ces deux idées ont occupé mon esprit lors de cette action.

Posé sur le parvis ménagé au
seuil des escaliers, face à
l'entrée, face aux spectateurs
amassés, un fauteuil recou-
vert d'un drap vierge près
duquel un seau noir du type
de ceux où sont recueillies,
lors des vendanges, les grap-
pes de raisin pour être appor-
tées au pressage pour faire le
vin.
Au-dessus de ce récipient, se
balance une corde, suspendue
depuis le balcon de l’étage.
L’artiste descend les esca-
liers, vêtue d’une longue
robe-tablier noire. Elle s’ap-
proche du seau, en retire un sachet de métal boursouflé qu’elle pose sur son épaule pour l’accrocher à la
corde avant de le soulever à 1m50 / 2 m au-dessus du siège. Elle a besoin de contrepoids, c’est un second
sachet identique. Le préambule est déjà performance ; revenant au seau, elle en tire un lot de douze ver-
res, pour douze apôtres? ou tout simplement parce que les verres se vendent par six et que six ne suffit
pas à son projet : est-ce festoyer, convier le public qu’elle prépare? En effet, sans toujours mot dire, elle
choisit telle et telle personnes auxquelles elle les distribue et ce faisant, organise l’espace où a à se tenir
ce public.
Le deuxième moment se marque par son enlèvement de la robe pour en découvrir une secon-
de, blanche et tout aussi monacale. En guise de coiffure, elle juche le dernier verre qu’elle avait gardé, sur
sa tête, et l’accroche difficilement avec du ruban adhésif large marron à usage de fermeture des colis. Tête
et cou sont ainsi entourés.
Le verre est muni d’une longue pointe dont elle darde, à coups de mouvements de tête jusqu’à la percer,
la poche d’où dégouline du vin rouge par les divers trous.
La performeuse, dans le plus grand silence, visage fermé, s’installe dans le fauteuil. Le fluide alcoolisé
coule en jets, en gouttes sur elle….alors, seulement, une vidéo de travellings le long de vignobles
bourguignons se projette sur elle, et sur l’espace qui l’entoure. Les vignobles l’entourent dans un
tempo rapide, de plus en plus.

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