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Pascale CIAPP

et performance itinérante
et Cène II

Photo: Julien Lagorce

De fins jets jaillissent de la poche, qui se balance doucement ; en traits aléatoires, ils tachent, jusqu’à rou-
gir le tissu de la robe. La performeuse cligne des yeux, mais elle ne frémit pas.

Le public la regarde, se regarde interloqué… alors que le vin coule sur le visage de la perfor-
meuse. Une étrange atmosphère planait et parmi ceux qui avaient reçu les verres ; certains avec une cer-
taine gêne ou une décision évidente ont fini par franchir le pas, à tenter d’empêcher le vin qui ruisselait sur
ses paupières.
Certains pris d'empathie cherchaient visiblement à l’aider mais d’autres comme regrettant que le vin fût
perdu, tendaient leur verre, le remplissant pour le boire.

Dans cette posture d’une femme supportant l’insupportable, j’ai lu une scène de martyre…mêlée
à l’évocation du pressoir mystique. L’iconographie oscillant entre le corps du Christ allongé sous la roue
d'un pressoir, ou debout foulant les raisins, son sang se mêlant au jus de la treille.
Cependant, la pratique est plus iconoclaste, Pascale Ciapp ne supporte pas le vin, elle, née dans les
vignobles, qui filmés recouvraient cet espace de cette cérémonie : « D'après la religion catholique, je suis
abstème, je ne peux communier au vin par répulsion naturelle. »
La scène dure et dure, la performeuse demeure stoïquement raide, sans bouger… jusqu’à épuisement des
dix litres de vin ou presque quand deux personnes du public vont vers elle, lui demandent de se lever, d'ar-
rêter. Cela devient trop dur, pour eux, de la voir là, de saisir que les yeux piquent, qu’elle tremble de froid.
La performance s'arrête.
Et quand Pascale Ciapp se lève, la trace de son assise a résisté au rouge du vin.
Elle laissait la marque de son WHYNE/ pourquoi/vin …la question ayant auguré de la perplexité du public.

Marie Traversat
Cène II
En une performance au titre bien plus explicite, nommant le dernier repas du Christ : la Cène, topos de la
peinture religieuse et fondement de la messe pour les catholiques ; «Ceci est mon corps/ceci est mon sang »,
Pascale Ciapp a entraîné une foule bien plus laïque dans l’itinéraire de l’ESAV au Goethe Institut.
Elle transforma cette traverse des rues avec des signes de la précédente performance : les ver-
res arrimés autour de la tête avec le même ruban adhésif apparent, vêtue de noir. Elle tenait accrochés
de même manière, main droite un verre de vin rouge plein, main gauche un sandwich. D.S.
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Performances - Processus 81