Page 112 - catalogue_2015
P. 112

Collectif ENDOGÈNE

              Les idées ne sont pas glosées voire défendues mais énoncées par le Collectif Endogène comme champ
des possibles humains sans crainte des antagonistes : mouvement perpétuel vs éphémère / individualisme et huma-
nisme / créationnisme et darwinisme et théorie du Bing Bang, athéisme et religions citées : judaïsme / christianisme
/ islam et « puritanisme » afférent. Sans oubli des pires que l’homme peut inventer: eugénisme / racisme / totalita-
risme / nationalisme / supranationalité / fascisme. Les termes attestent des potentialités et restrictions humaines en
politique avec son éventail des orientations du libéralisme au marxisme, socialisme / radicalisme voire anarchisme…
Ils signalent les débats actuels : théorie des réseaux / théorie des types / éducation libérale… Ils disent les questions
de la philosophie : stoïcisme /matérialisme / philosophie de l’existence / phénoménologie / histoire du temps présent
et histoire globale / lacanisme; des échos se font : analyse non standard ou se disent ensemble : photographie et
musée imaginaire/ iconologie et interprétation des images; cette formulation appelant les variations de l’artistique, en
courants avec son cortège des mots en – isme : symbolisme / expressionnisme / néoréalisme ou sans Renaissance
/ académie; selon les médiums : art poétique ( en traduction de « poetry ») / musique répétitive / collage et montage
/ cinéma vérité / happening ou désirant les dépasser : art total, pure visibilité. Ailleurs, ils sont lancés sans que ne se
distingue la distinction d’une approche artistique d’avec sa connotation quand elle qualifie le comportement comme
préciosité /maniérisme vs modernité.

              Les femmes, tout en suivant la contrainte savourent leur implication, décidées au sens littéral, d’avoir
décidé par elle (s) - même (s), elles sont certaines. Trois prises de vue : en extérieur, la ville passante avec rails
du tram, la petite rue, les murs tagués, le petit bois, le bord de la mer, la friche près des immeubles, la vigne devant
le domaine, les escaliers de la gare St Charles cartographient l’espace en relation avec chacune des femmes. Les
femmes au premier plan, en plan américain, habillées en écho avec ces lieux, la saison et ce qu’elles sont. Tête
nue, cheveux courts, longs, frisés, épais, blonds, blancs, bruns… chapeau gouailleur, toque de fourrure… écharpe
épaisse ou légère ou à sequins… veste à capuchon, pull blanc ou avec motif de champignons, manteau court ou
blouson de cuir.

              La seconde option les suit dans leur intérieur avec variantes pour deux : sur un petit balcon avec fer
forgé ou dans un atelier de couture et de modélisme; la majorité est dans le séjour ou l’unique pièce d’un studio,
l’une en haut des escaliers intérieur. Le plan rapproché épaule privilégie leur visage nu, avec piercings, boucle, bijoux
et commence à glisser des indices plus personnels. Tel appartement arbore le blanc y compris pour le paravent,
l’horloge, le pot du buis artificiel, le cœur ornemental et le chat angora ! tels autres préfèrent le coloré; certains sont
rangés, d’autres avec un certain fouillis, avec des étagères de livres ou encombrées de bibelots; des bougies ou des
statuettes de tortue et d’éléphants; les murs rarement nus sont diversement ornés avec un Ganesh tissu imprimé,
avec des photographies personnelles d’enfants, une aquarelle sous cadre, une peinture personnelle accrochée
de guingois, ou des reproductions de Klimt, Renoir parmi d’autres avec l’une des photographies de L’homme au
violoncelle de Doisneau et tel appartement est couvert de mots parsemés d’images moins fréquentes, ou dans cette
autre pièce, sont épinglés des patrons de vêtements, ailleurs le miroir en forme de palmier rejoint d’autres variations
de plante ici et là. Notre désir de rassembler les indices aux mots, déjà titillé par la similitude de tessiture, ayant
prononcé des mots de domaine de sens parents - pour seul exemple : lacanisme et analyse - en est réveillé. Il l’est
aussi, lorsqu’une jeune femme seule sur l’avenue y est rejointe par une autre, comme elle le sera dans l’intime et la
nudité. Pour ce moment du dénudé actif, le plan fixe comme chacun de la vidéo, leur laisse le temps, de darder le
regard, d’ôter vêtements et soutien-gorge afin de se retrouver épaules dénudées.

              La troisième option atteint précisément les « nues ». Sur le lieu personnel vide, apparaît - littéralement
puisqu’en fondu, la femme dans sa nudité. Le plan américain la décrit jusqu’au-dessus des genoux, bras ballants,
droite, jambes légèrement écartées leur position est franche, pas de geste pour cacher la poitrine ou le sexe, dans
la constante frontalité, en regard adressé, le corps est assumé, loin de l’iconographie d’une exclusion du paradis,
le corps n’est pas coupable.

                           L’image n’est pas idyllique, chacune de ses femmes porte son histoire, sa vie.

              Aucune n’exhibe ce qui l’a motivée à faire nudité, chacune la pose, libre : le corps est… dès lors,
comment résister à rappeler le grec, λήθεια / l’alétheia avec a privatif devant Λήθη / lèthè /oubli soit la « vérité » au
sens de dévoilement, du sans voile.

                                                                             Simone DOMPEYRE

                                  PRÉP ‘ ART SUD

                           INSTALLATIONS                                                                                     111

Maquette V3 2015.indd 113                                                                                  21/06/2015 19:48:55
   107   108   109   110   111   112   113   114   115   116   117