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Les Refaits Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 70



Récit de Robin Larroque :
Lorsque l’on m’a proposé de participer au projet des Refaits de LL de Mars, je ne savais pas trop à quoi
m’attendre, surtout après avoir vu Persona, flm particulièrement complexe et dont la compréhension
se fait en strates, selon les présupposés du spectateur.
Quand le jour du tournage vint, j’avoue que mes souvenirs du flm étaient un peu vagues, mais quelques
scènes étaient pour le moins marquantes, et je me remémorais la trame.
Le principe des Refaits étant de flmer une personne racontant à quelqu’un d’autre un flm, j’ai essayé
d’être le plus naturel et spontané possible devant la caméra, comme si je parlais à un ami ou à un proche.
Le petit problème : je ne me souvenais plus de la toute fn de Persona, j’avais beau essayer de me rappeler,
rien ne me venait à l’esprit, et c’est donc sur cette touche un peu amnésique que se termine mon Refait
de Persona du grand Ingmar Bergman. Outre cette expérience de rapport personnel rapproché avec
le flm, j’aimerais penser qu’elle donnera l’envie de ce flm à d’autres.




Récit de Tillyan Bourdon :
Les scénarios m’ennuient. Si la tentation de suivre une histoire revient toujours, j’essaie de m’en détacher
parce que ce n’est pas ça qui m’intéresse au cinéma. J’aime le voir comme l’art de la mémoire, parce
qu’il est l’art des images qui marquent. Qui se soucie des motivations, des enjeux et des dénouements
de Persona, quand les deux actrices se tournent vers la caméra et vous glacent le sang d’un simple regard ?
Dès lors, quel intérêt lorsqu’on raconte un flm à LL de Mars, de lui parler d’un éventuel sens caché,
du symbole de l’araignée et du ga$rçon, du pourquoi des personnalités, de Jung et de l’île ? C’était
beau, elles étaient belles, c’était glacial, hypnotisant et effrayant. Des images vous y marquent et vous
hantent pour la vie. J’oublierai l’histoire, l’hôpital, les dialogues et la lettre volée. Je n’oublierai jamais
ce regard braqué sur moi.
On raconte un flm comme on raconte un souvenir d’enfance, comme on raconte un rêve. Tout le reste
est littérature.
























Tyllian Bourdon et Robin Larroque
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