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Vidéo Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 66 Vidéo
Guillaume VALLEE / Andrée-Anne ROUSSEL, Les Larmes d’Éros, 5 : 12 min.,
Can., Vidéographe
En bleu, teintant l’espace et le visage et les éléments, bleu de la couleur de
Georges Bataille, la vidéo prouve sa relation à cet écrivain en lui emprun-
tant le titre Les Larmes d’Éros de son essai qui rassemble l’érotisme et la
mort. Une femme dans le pleur retenu, mais qu’elle dit verser, se plaint,
en espagnol, à celle qu’elle appelle sa soeur… ses mots sont ceux de la maladie, de la fatigue, de la
mort à venir elle se délite, se consume, se perd ainsi que son image qui se défait, ainsi que le matériau
flmique qui lui-même perd de sa défnition. Cependant elle entraîne la métaphore de la jouissance comme
de la petite mort... alors que le bleu en camaïeu s’éclaircit, se rehausse ou se dégrade, s’obscurcit en
vagues informes ou dessine la main et le visage et la main sur le visage, elle dit la mer et la mort...Simone
D. d’après la synopsis des artistes
au fiL Des rencontres : ViDéos nomaDes
Siegfried BREGER, L’Echolalie, 0 : 15 min., Fr., CJC
L’Echolalie de Siegfried Bréger s’empare de l’étymon grec de ce mot savant qui
réunit lalia/la parole, à Écho, la nymphe qui inventait des histoires pour distraire
Héra mais qui refusée par Narcisse, souffrit cependant de la langueur puis
de la mort du bel adolescent et répétait à l‘envi ses lamentations, lançant
ses « hélas, hélas » dans le vent, les premiers échos. L’Echolalie classife la
répétition automatique de paroles ou chutes de phrases observée dans
certains états confusionnels voire démentiels. La vidéo exclut le champ médical mais en métaphore
du ressassement, de l’impossibilité d’évasion, un plan zénithal cerne une nageuse coincée malgré ses
mouvements de brasse incessants, dans un trou d’eau bleue à la surface duquel fottent ou s’agitent
grosses fourmis noires ou autres bestioles. Simone D.
Caroline CARLIER, Viande, 7 : 00 min., Fr., ESAD Reims
Si la danse classique est synonyme de grâce, de légèreté, de liberté et d’épa-
nouissement du corps pour ceux qui en aiment le spectacle, elle s’avère pour
ceux qui la pratiquent à un haut niveau, une souffrance quotidienne du corps.
Une jeune danseuse, dans la métonymie de ses pieds qui portent tous
ses élans, entrechats, grands écrans, envols… et autres fgures, fait des
pointes. Ses chaussons sont recouverts de la viande annoncée par le titre, qui peu à peu se détache, chute
au sol pour libérer la chaussure telle qu’elle se voit en spectacle. Sans mots, mais avec grand humour, la
vidéo invite à reconnaître le contraste. Elle entraîne du corps sublimé au corps « viande ». Simone D.
Michaël CROS, Quadrupédie assistée, 1 : 50 min., Can., Videographe
Autre variation en performance mais elle s’éloigne des grands modèles
ou du moins se rapproche d’expériences du mouvement pré-cinéma
quand Marey et Demenÿ chronophotographiaient des athlètes sur fond
noir, pour comprendre le mouvement des corps. Sur un tel fond noir,
une créature, en justaucorps brillant noir, chaussures actuelles traverse
le champ obéissant aux codes de la lecture occidentale, connotant le
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