Page 79 - catalogue_2016

Performances Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 79

à l’enfant, l’enfant s’approchant au plus près connotent une madone - laïque puisque sans signes religieux.
Des objets géométriques sans angles gravitant autour d’eux, sans rigoureuse fgure, participent de cette
quiète atmosphère.
L’osmose aurait-elle dépassé la question même du désir ou de la possibilité du posthumain, celui-ci
serait-il déjà dans la tranquille assurance, dans l’après de toutes les questions de la perte ou du gain.
La variation performative de Soft Butterfy l’induirait plus encore ; d’autant que hors jeu, l’artiste dit
être le clone du modèle animé sur écran.
L’artiste en androïde écho de manga, costume de vinyle noir brillant sous les lueurs des vidéos, perruque
au carré rose, yeux en masque de jeu, noir épais, parle en écho du questionnaire énuméré sur écran.
Droite, longtemps immobile, sans coup férir, elle a le temps, elle fait temps avant de s’avancer, de se
baisser et de dire.
Cependant cette calme présence et la première longue immobilité font gêne… surtout quand les écrans
se taisent, en un blanc sans repères… dès lors, on veut saisir ce que les mots précisent, on écoute, on
note, on veut franchir la diffculté provoquée par le faible volume.
Alors le long de sept questions adressées à un « tu » se dessine l’itinéraire suivi de ce « dernier voyage »,
dans une forêt si peu naturelle que l’être y vit « l’imperceptible proximité d’une lampe dans un couloir »
situé « dans cette forêt ». L’U-topos du nulle part la nature et l’artefact ; la nature naturante n’existe
plus. En effet, ces questions décrivent un monde du néant, intérieur comme extérieur, sans motifs,
sans surprise : « Pourtant cette chambre ne donne pas sur la forêt parce qu’il n’y a plus de forêt depuis
longtemps. La pièce est entièrement vide et les fenêtres elles-mêmes s’ouvrent sur le vide ». Aucun
indice de l’habitat, encore moins du chez soi ne structure l’espace en s’éloignant du modèle de l’humain.
Pourtant la sensibilité est convoquée que ce soit avec la possibilité de la peur, qui, même si elle est
déniée, s’y répète : « Tu te retournes parce que tu as peur. Qu’est-ce que t’évoque cette peur ? / Je
n’ai pas peur ».

Autant de questions concernant les affects, les sentiments, les sensations même si elles sont traversées
par l’affrmation d’une quatrième mort subie ou par la défnition nouvelle du sentiment non plus ressenti
mais conceptualisé : « Est-ce à dire que tu n’éprouves pas réellement de tristesse ?/Non. J’ai uniquement
tenté de signifer une certaine idée émotionnelle de cet état ».

- 4. Espace Croix-Baragnon -