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Performances Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 76
Régis COTENTIN, Rainy Day, Dream Away, Fr.
Rainy Day, Dream Away est un flm-performance qui évoque le passage d’une vie à l’autre, vers une
renaissance. Mon père s’est éteint avant que mon fls naisse. Comme un fantôme à côté d’un vivant,
mon père m’apparaît parfois quand je me perds dans mes pensées. Les yeux dans le vague, je m’habitue
à l’invisible. Ma rétine ne cesse de donner une forme à ce qui est dans l’air. Même si c’est impossible.
Une présence invisible est plus réelle qu’un souvenir. Elle enveloppe la mémoire telle une nébuleuse
plus opaque que l’air. N’ayant jamais eu auparavant de telles visions, j’ai décidé de les noter et de les
transposer pour y retrouver une logique.
Ce flm-performance sur le passage d’une vie à l’autre a été réalisé en écho avec les thèmes de l’Incarnation
et des visions miraculeuses des fresques de Jean-Pierre Rivalz et des tableaux de Jean-Baptiste Despax
qui ornent le chœur et les murs de la nef de la Chapelle des Carmélites de Toulouse.
Les fondements conceptuels et artistiques des images « digitales » s’étendent à des modèles plus anciens
que ne le laissent supposer leurs technologies récentes. Le numérique puise ses racines dans l’histoire de
l’art. Il ne peut se soustraire du passé et des références culturelles qui éduquent le regard. Il se mesure à
la tradition. Les œuvres « digitales » coexistent avec des systèmes qui conviennent à la critique platoni-
cienne du monde sensible, entre présence et représentation. Elles participent d’une métaphysique de
l’image. Qu’elles procèdent d’un art de présentation qui privilégie l’allégorisation des motifs - l’icône - qu’elles
résultent d’une intelligibilité propre au modèle de la Renaissance - l’art comme cosa mentale - ou qu’elles
puisent encore dans les avant-gardes des XIX et XX siècles, elles jouent des présupposés esthétiques
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qui transfgurent le matériel en immatériel. La problématique la plus ambiguë advient quand l’image
« digitale » convertit sa symbolique en une incarnation relative au vivant. Malgré lui, le numérique se
doit de répondre à ce désir d’ordre anthropologique du spectateur de percevoir l’œuvre comme le
miroir de ses doutes et de ses inquiétudes, mais aussi de ses actes.
Certes, nous ne sommes plus aujourd’hui dans le dogme de l’Incarnation propre à la doctrine chrétienne
- 3. Chapelle des Carmélites -