Page 21 - catalogue 2017
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1. isdaT Projections
Anne GOLDEN, Watching Dark Shadows, 45sec (GIV, Can.)
Dark Shadows, soap opéra gothique que la télévision américaine
ABC difusa le week-end de juin 1966 à avril 1971: 1225 épisodes
en furent produits. La série censée suivre la vie et les amours,
les expériences et les tribulations des Collins, riche famille du
Maine, USA, gagna une immense audience en introduisant un
vampire, puis des fantômes, des zombies, des sorcières, des loups
garous et autres monstres avec les atmosphères appropriées, en
pratiquant le voyage à travers le temps et en visitant les univers
parallèles. Les personnages souvent improbables - qui pouvaient
être joués par plusieurs comédiens - empruntaient des virages
tout aussi illogiques que ceux de la narration. Efets spéciaux
apparents, erreurs volontaires ou non, musiques exagérément
topiques, éclairages excessifs ont attiré tant de « fans », ravis de les chercher, d’être ceux qui savent et de former
une communauté, que la série garde une place parmi les émissions cultes.
Ce si court flm en est la déclaration d’adhésion : dans le noir et blanc quasi teinté de bleu de la télévision à ses
débuts, en champ contre champ, la demande d’explication d’un homme « tell me », la réponse «it’s impossible»
résume l’impossibilité de dire ce que racontait cette série, l’impossibilité de la connaître avec un seul épisode ;
l’inclusion en couleur d’un œil en très gros plan intègre la spectatrice ou une protagoniste indissociablement, de
même que les plans de visage d’une femme en noir tournés plus tardivement. Le watching dans sa forme en -ing,
du « en train de se faire » invite à ce regard encore et toujours, sur ce qui se meut en ombres obscures...
Anne GOLDEN , The Witch, 1min08 (GIV, Can.)
Un mixage d’images empruntées aux flms de genre et précisément
de sorcière, sécrète sa musique intrigante annonciatrice. Le visage
émacié de l’homme aux yeux inquiets et son contre-champ à la
femme, regard étrange et petit sourire, sufraient à l’ambiance
attendue, d’autant qu’ils suivent une fenêtre entr’aperçue, en
ombre plus qu’en lumière. Plus inattendues, des feurs en grande
lumière, en efet solarisé, en transparence, superposées appellent
au sortilège : elles laissent voir et occultent à la fois selon le
principe magique qui dissout des formes et en dessinent de très
nettes comme ces traits directifs sur les pétales. Ainsi Anne Golden
adopte-t-elle le genre pour le pervertir. Et ce qui reste est ce sourire
charmeur avec l’ambiguïté du sème, en clausule.
D.S
Henry GWIAZDA, thoughts like a wave, 4min (USA)
Henry Gwiazda pense l’œuvre d’art comme une quête esthétique
de la nature de la réalité et puisque l’homme est chimiquement et
biologiquement partie prenante de cette réalité, il considère que
l’art le concerne tout autant.
Ainsi chaque opus de Henry Gwiazda réexamine-t-il les aspects de
la vie quotidienne qu’on ne remarque plus fondus dans l’habitude,
considérés comme acquis, avec à chaque fois, un focus sur un
simple comportement.
Que ce soit un enfant qui joue, des passants traversant la rue, des
croisements sur une place, ces petites activités décrites en un
langage le plus simple et efectuées par des fgurines de synthèse,
sont ponctuées de changements opérés par la lumière, l’apport du
son … eux-mêmes désignés comme « light », « music » etc. dans
le champ.
D.S
Cf. Lycée Ozenne, p.29
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