Page 49 - catalogue 2017
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4. Cinémathèque de Toulouse Projections




France DUBOIS, THE MOVIE VANISHES, 4min (Fr.)

THE MOVIE VANISHES / Le flm disparaît est, tout à la fois, mode
d’emploi, avertissement, indice de la teneur de cet exercice
de réminiscence et temporel. Ses 4 minutes de condensation
s’emparent d’Une femme disparaît d’Alfred Hitchcock. Elles
savent renverser le processus souvent enclenché dans l’usage
du footage. En efet, en 1992, 24 hours Psycho, l’installation
de Douglas Gordon, dilatait en 24 heures, Psychose du même
réalisateur, en réduisant à 2 images / seconde les 24 du mouvement
du cinéma.

France Dubois, dans la surimpression provoquée par l’accélération
du passage, loin de dévoiler comme ce ralenti extrême l’entre-
image, produit le fou qui garde la trace plus que l’icone. Pourtant
çà et là, un visage se démarque, une silhouette se reconnaît, un
geste se dessine, un lieu s’impose ouvrant le souvenir du flm réalisé en 1938, alors que l’Europe allait sombrer dans
le fascisme et la guerre et que se dévoilaient sous le calme d’inquiétantes prémices. Une jeune femme, métonymie
de l’éveil parmi les turpitudes, et prénommée Iris comme l’annonciatrice de la mythologie grecque, recherche Miss
Froy. Alors qu’elles partageaient avec eux, le compartiment du train de retour, tous les autres voyageurs démentent
désormais l’existence même de cette gouvernante âgée avec laquelle Iris avait sympathisé ; cependant le visage
froid de ceux-là porte autant d’indices de secret malveillant. Par ailleurs, au départ, Iris inaugurait les signes de
l’étrange, assommée par la chute étrange d’un pot de feurs, elle vit les visages de ses amies se perturber.

THE MOVIE VANISHES adopte ce registre; au-delà de sa musique signal de suspense, le flm lance un jeu de
piste, où parfois surgissent tel visage, tel geste ; Iris et Gilbert - jeune musicien qui complète le couple canonique
hitchcockien, le seul à croire ce que dit la jeune femme - une nonne au regard perçant, des médecins inhospitaliers.
Les deux disparitions se fondent sur la perturbation des repères, sur l’empêchement de la perception. Un signe sur
la fenêtre du wagon atteste de la réelle existence de Miss Froy, des signes évanescents de plans attestent de la
réelle existence du flm au-delà de l’histoire, son fondement même ; tous deux réclament et réveillent le travail de
la mémoire.
Simone Dompeyre

Laura FOCARAZZO, The Uninvited, 3min34 (Arg.)

The Uninvited crée un efet de face-à-face, avec une image-visage
anonyme, en efet de dépassement du cadre, (re)présentation
déformée, insaisissable et fugace d’un des fantômes qui peuplent
notre inconscient. Un observateur / observé fottant dans un état
perceptif à mi-chemin entre le réel et ce qu’on imagine, entre la
mémoire et l’oubli, entre la présence et l’absence. La vidéo invite
à se plonger d’une façon incorporelle dans un monde abstrait,
dématérialisé et fuide.
L’artiste Darren McClure y a contribué pour la bande son en
retravaillant un de mes enregistrements.


Blanca GIMENEZ, Threshold, 1min20 (Esp.)

« Threshold » : seuil, pas de porte, limite; il faut au moins ces trois traductions pour faire écho à ce flm qui prend,
reprend, lance et relance, l’entrée d’un jeune homme dans un immeuble.
Film sériel, il suit la musique électronique Movement 2a: Materialism de Welcome Wizard dont le minimalisme
combine des sons aigus, des raclements en une rythmique circulaire.
Le plan subit des variations, quand un zoom interne exclut la rue ainsi que les autres passants longeant un immeuble
de briques de couleurs, quand se superposent des formes blanches peu discernables sur fond rouge, quand des
verticales raient le champ, quand un voile jaune le teinte.
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