Page 52 - catalogue 2017
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Projections 4. Cinémathèque de Toulouse



WoIfgang LEHMANN, Fåglar vid havet (bön) / Oiseaux sur la mer, 2min (All.)

Les flms de Wolfgang Lehmann sont tous portés par ce même
désir de la liaison du champ sonore au champ iconique, par cet
immense désir d’exalter des fançailles que l’on n’aurait sans lui
pas imaginées, ainsi de Fåglar vid havet (bön) / Oiseaux sur la mer.
Cependant si la rencontre œuvre à part entière, c’est dans un
désenclavement qui refuse la redondance; en efet, les chants
pascals, de l’Église de Rome, jusqu’à l’Amen, entraînent loin de
l’origine documentaire des mouettes et autres oiseaux des mers.
Les cantiques conduisent loin de ce bestiaire aussi réjouissant
soit-il, loin du réalisme des cris aigus de tels oiseaux. Animaux
et chants s’emparent les uns et les autres de l’espace, en plans
d’ensemble pour leur grand nombre, en plan moyen pour la
précision de tel gros bec, en gros plan favorisant la colombe
blanche, voire en ficker de ce même élan d’ailes. La reprise
rythmique des plans ne choque pas, ni ne perturbe les envolées extatiques des voix, elle leur rend leur présence
active, elle prouve que la bande son n’est pas illustration.
D.S


Péter LICHTER, Non-Places : Beyond the infnite, 6min (CJC, Hongrie)
Le référent est doublement intellectuel. Son propos se nourrit
de l’essai anthropologique et éponyme de Marc Augé Non-lieux
introduction à une anthropologie de la surmodernité et de l’esprit
et de la musique puisés dans cet au-delà de l’infni qu’est 2001
l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick. S’augurant sur les mots
topiques de la NASA, au départ des engins spatiaux et désormais
absolument liés à l’inoubliable option musicale de ce voyage à
travers temps et espace de Kubrick, se poursuivant avec Le Beau
Danube Bleu, toujours en écho flmique, cela en contrepoint de
rapides survols de grillages, la vidéo provoque et hypnotisme et
réfexion, étrangement ensemble.

Hypnotisme du balancement à plusieurs vitesses allant jusqu’au flage des plans, d’éléments ainsi très rapidement
survolés, abandonnés dans une perte d’iconicité, allers et retours du bitume au ciel grisâtre, de lieux renversés ou
redressés sans raison ni pour l’un ni pour l’autre. Réfexion sur la raison d’être de ces espaces, non lieux, sans
humains si ce n’est dans l’allusion de la synecdoque des voitures de certains plans d’ensemble et par la coupure
par un plan d’abord subreptice d’un enfant, aussitôt brouillé de noir puis plus descriptif de son sommeil agité et
de son réveil avec un regard adressé. Ces plans portent la trace de la date de leur prise de vue, ils ouvrent une
brèche sur la perte de l’humanité et sur le désir de la retrouver. Pour preuve, ils trouvent un écho dans un plan demi
ensemble d’un homme-le père et d’un enfant que le premier lance en l’air, jeu apprécié de l’enfance.
Ainsi l’Au-delà de l’infni de Péter Lichter, découvrirait cette brèche vers l’humanité et le futur face au constat que
Marc Augé fait de l’état de ce qu’il désigne « surmodernité ». La vidéo reconnaît cet espace / non lieux, espace où
la circulation est celle de déplacés plus que celle de voyageurs ayant un projet d’arrivée. Au loin, les voitures, les
autoroutes où l’on passe sans arrêt du village au planétaire ; les changements d’échelle de plans du macadam à
ceux du hameau sans désignation d’une maison où vivre alors que l’itinéraire remplace le lieu d’habitat selon des
axes interchangeables accepteraient cette lecture du monde, pourtant l’enfant implique un lieu où l’on habite, un
lieu anthropologique. Une oscillation du jeu et non plus de la perte.
Simone Dompeyre
Freya Björg OLAFSON, Threshold, 5min28 (Videopool, Can.)

Threshold a été flmée, en un seul jour, au Bauhaus Archive de Berlin. L’artiste Olafson elle-même en est le sujet alors
qu’elle répond aux subtils quoique répétitifs mouvements de Light Prop for an Electric Stage de László Moholy-
Nagy. Limitée par les dimensions du petit espace clos de la pièce de stockage dans laquelle les employés des
archives avaient entreposé cette œuvre pionnière, Olafson use de cette structure imposée comme d’un médium plus
qu’elle ne la subit comme une contrainte.
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