Page 99 - catalogue 2017
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1. Espace lll Croix-Baragnon - L’Enseigne de Gersaint Photographies
Dorothy GOIZET, L’Etat du monde (f de phosphène, Tlse)
Été 2005 : vacances. Aucune révolution n’a lieu. Quand tout
semble confus et nous échappe, l’enjeu n’est-il pas de trouver sa
place dans le monde plutôt que de vouloir le changer ?
Une correspondance photographique s’est échangée autour de
notre perception de ce monde.
Plusieurs attitudes et points de vue se sont afrmés au fur et à
mesure de cet échange qui a duré deux mois ; images d’un puzzle
fait de pièces aux contours incertains que l’on tenterait en vain de
reconstituer.
Par la suite, nous avons envoyé de façon régulière et anonyme
ces 30 cartes à Traverse Vidéo ; réponse, provocatrice, à sa propre
interrogation quant à l’état du monde.
Dans le cadre de la manifestation, une sélection de 12 cartes postales, mises à disposition du public, complétait
notre installation. Nous souhaitions ainsi inviter à prolonger notre correspondance.
Marjolaine GRENIER, La Grave (Fr.)
Mon projet La Grave porte le nom de l’hôpital de Toulouse que j’ai
photographié début 2015. J’ai travaillé selon le constat suivant :
c’est un bâtiment institutionnel « semi – abandonné » situé au milieu
du quartier Saint – Cyprien. La Grave est un service ambulatoire, un
ancien lieu de passage désormais en transition, où règne, à cause
de son atmosphère, certaine violence latente.
Mes photographies visent à reconnaître ce que cet endroit a de
paradoxal : silencieux alors que situé en plein centre-ville, décrépi
mais toujours en activité ; ni une ruine ni un véritable hôpital. Par
ailleurs, puisqu’aujourd’hui les combles ne sont plus accessibles,
j’aimerais découvrir – à la façon de l’exploration urbaine – un lieu
inaccessible pour certains mais qui mérite qu’on en révèle l’empreinte.
Céline HENRY, L’attente (Tlse)
La série L’attente débute par une expérimentation : l’application
d’émulsion liquide photosensible sur diférents supports. Les
images sont ensuite prises au sténopé*.
Au fl des essais, une série s’esquisse et se développe autour du
temps, qui devient le véritable sujet des photographies. Le temps
est à la fois nécessité et contrainte, il rythme des opérations cent
fois répétées et s’allonge dans d’interminables poses faites de
mesures, de lectures, de rêveries, de lassitude.
Les supports – pages d’agenda, feuilles d’esquisse, fches bristol,
etc. – sont déjà marqués par des dessins et des annotations écrites
qui renvoient à des projets antérieurs, aboutis ou inachevés. Divers
instants se croisent et adhèrent en déposant leurs empreintes ou
leurs traces d’encre, de graphique et de sels d’argent.
L’attente est faite de rencontres improbables, d’accidents, de
latence, de révélations et aboutit à des images précaires, situées à
la fois au centre et aux marges de la photographie.
*Cf. Espace lll Croix-Baragnon, Film Camera, p.80
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