Page 101 - catalogue 2017
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1. Espace lll Croix-Baragnon - L’Enseigne de Gersaint Photographies
planète et la faune qu’elle abrite.
Rassemblant plusieurs spécimens prêtés pour l’occasion par
le Muséum, l’installation et la vidéo et la série photographique
évoquaient leur redécouverte lors d’une expédition scientifque
imaginée à l’horizon 2060. L’artiste y emprunte les codes de la
science-fction pour interroger le futur, la rencontre avec l’
« inconnu», qui est « autre » en même temps qu’une partie de nous-
mêmes.
« La lumière de la lucarne éclaire nos frères dénaturés et pourtant
d’ici quelques décennies c’est cette représentation du vivant qui
deviendra unique et inestimable.
Ersatz de notre passé, de notre culture, de notre propre histoire.
Conte de l’absurde qui régit notre monde, où l’inconscient se mélange à la réalité, où le passé n’est que notre avenir.
Créatures de l’au-delà, images diluées d’une fable enfantine, gardiens du silence, ils sont là en trompe l’oeil, pour
nous rappeler leur existence, leur légende, leur destin et surtout notre propre échec face à la disparition de cette vie
sauvage, de sa diversité et de son énergie.
La science-fction sait déceler les germes de ces dérives dans le présent, car c’est bien du présent que rayonnent les
avenirs possibles, et c’est au présent que se décide chaque jour le monde de demain… »
Victor SYDORENKO, Millstones of time (Ukraine)
Après réfexion du concept voire du titre du projet, un événement
de mon histoire familiale m’est revenu à l’esprit, la mort de mon
grand père broyé par les pierres de son moulin. Mon grand-père
était meunier et après son retour de la guerre, il est tombé dans la
meuleuse et est mort quelques jours après.
Ce projet reposait sur l’idée d’étirer le temps de façon constante
mais fastidieuse. Le temps qui quadrille, détruit les hommes , les
entraînant dans un épuisant mouvement circulaire qui fuit et revient
sans cesse...
Cependant chacun/e moud sa propre farine même si nous faisons
fnalement tous la même chose. Condamnés à vivre seuls et
indiférents les uns des autres, forcés à co-exister mais chacun de
son côté : amis et ennemis, traîtres et trahis. De cette dualité est né
le désir de faire écho à La Cène, réel complot de l’éternité qui porte
toute l’inanité de notre existence.
Cf. Autre oeuvre, Les Abattoirs, p.143
Béatrice UTRILLA, Sedétacher (Tlse)
Pour Sedétacher Béatrice Utrilla et Michel Cloup ont confronté leur
propre univers artistique et ce, dans une collaboration pérenne.
Métaphore d’une réalité « imprégnante » et confuse, ces images
parlent de notre rapport au monde fragile et déroutant, de la perte
d’identifcation du réel – la perte de la source.
Ce travail propose une analogie entre deux supports : l’émulsion
photographique et le corps humain. Ce corps capable de se laisser
imprégner par des images quelques fois non révélées, images
mentales qui peuvent générer des émotions persistantes. Ces
images, source d’un impact obsessionnel, vont pénétrer notre
conscience et, par efet, fabriquer des traces de mémoire.
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