Page 32 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Projections Cinémathèque de Toulouse
Vivian Ostrovsky, DizzyMess
7min43 | États-Unis
Le programme est donné sans détour
par un titre qui accumule « désordre
et étourdissement »… Cette invitation
au vertige titrologique se fonde sur
la convocation de motifs déclinant le
tournoiement, qu’ils soient du monde
du travail comme les roues de tracteurs
ou de divertissement comme la tour
d’un manège ou les rails du grand huit,
qu’ils soient fil auquel est accroché un
homme déséquilibré – polysémie – sur
un toit, maison tournant sur elle-même, animaux se mouvant en circularité comme
la pieuvre inquiétante ou les méduses élégantes et autres éléments tournants…
Elle intègre les bousculements de la nature, lave rougeoyante, chutes d’arbres, ceux
des constructions : maison avançant, scaphandre attaqué par une pieuvre et les
bousculements de l’histoire qui font choir les statues des Lénine, Staline ou Saddam
Hussein.
Elle ne se refuse pas la suite syncopée d’une scène hilarante de Violence et Passion
de Visconti, où Silvana Mangano, en marquise quelque peu déjantée, assaille de son
discours qui passe de l’italien à un drôle d’anglais.
Le vertige vient du désordre tout aussi prégnant dû d’abord à ses sources : Chaplin
voisine avec Llyod mais aussi avec Painlevé, Méliès avec Ruttman, Les quatre cents
coups avec Le Bonheur de Medvekine, Segundo de Chomón avec des images
catastrophes du Net et celles-ci avec le Zootrope.
La musique se joue de la même diversité de Zappa aux opus pour piano ou pour
orchestre et violons de John Adams à Rossini…
Plus encore, l’écran refuse l’unicité, il préfère la polyvision en scandant le plan en
plusieurs espaces, deux parfois en doublant l’image, parfois en la changeant, parfois
en jouant l’oblique comme le tournoiement et parfois la surimpression… Le plan
lui aussi est pris de vertige.
Cependant pour que film soit, le désordre doit s’organiser et le vertige de l’enfant
du film de Truffaut répond à l’apesanteur d’un cosmonaute ; la tombée des arbres
précède celle des dictateurs, l’écoulement des éléments obéit à une très précise
composition : la réitération des plans est partitionnelle.
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