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Projections Cinémathèque de Toulouse
de police stoppe près de lui sans mot lui dire. Passage encore de mœurs.
L’artiste dit : « Ce film décrit la recherche géographique, architecturale et urbaine
d’une zone spécifique de Shanghai. Zone très ressemblante au quartier parisien du
Grand Palais. Je suis très attaché, émotionnellement à ces deux villes, dans lesquelles
j’ai vécu de nombreuses années. D’un point de vue plus pratique, j’ai réalisé ce film
pour exprimer mes préoccupations concernant l’urbanisation et la globalisation de
Shanghai, que certains éléments ont transformée en un paysage de science-fiction
par le mélange d’éléments pré-industriels et hypermodernes. Les plans du film ne
sont pas censés être regardés sans réaction, ils attendent une réaction, une réflexion
sur ces transformations de la ville. »
Simone Dompeyre
Di Hu, Ecstasy
12m42 | Chine
« Extase » ou aliénation de la pensée
deviennent synonymes dans ce film footage,
au titre éponyme dont l’une et l’autre tirent
le fil rouge – y compris littéralement parlant.
Pour sa recherche sur ce que le cinéma
dévoile de l’Histoire, Di Hu a collecté quelques
soixante films sur fonds de l’Histoire nationale
chinoise… Ces films que coud Di Hu sont
parmi les seuls que le peuple chinois ait pu
voir de 1966 à 1974, époque de la Révolution Culturelle Chinoise alors que censure
et interdiction de réaliser ces films sévissaient. Cependant, le générique de fin en cite
quelques-uns de 1973 – Le Jour ensoleillé – à 1976, année de la mort de Mao…
dont les titres dictent la marche à suivre du Traitement par acupuncture à La Nouvelle
Chanson de la Muraille.
Tous reprennent les topoï du film de propagande et sa figure de proue : le militant
exalté, qu’il soit nouveau converti ou fier adhérent, homme ou femme selon la courbe
des âges, adolescent, la jeune fille et le jeune homme, les adultes, les personnes
âgées. Quant au Héros, l’unique, le grand timonier, le guide, Mao Zedong, il est le plus
présent in absentia car il dépasse la nécessité de la présence corporelle pour être là
et partout. Il est celui pour lequel on fait, on est, on respire.
Il est le trou noir de cette filmographie, celui qui aspire les énergies – et est censé
les donner. Par deux fois son image, l’une sur une affiche/étendard en mouvement,
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