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Musée des Abattoirs Projections
tout en perturbant quelque peu : about eye around/au sujet de ce qui tourne autour
de l’œil : de ce qui concerne l’œil.
La vidéo prend cela à la lettre tout en déplaçant le point de vue – ici encore la
lecture multiple se superpose : voir et juger et position de prise de vue.
Simple et complexe, le cercle est décliné. Visible et perturbé par la pixellisation, le
cercle varie et demeure.
Le premier cercle adopte celui d’un point de vue type télescope mais le renverse, le
haut en bas : image d’une cheminée de briques flanquée d’une antenne télé. Ainsi
l’image première engage-t-elle le rappel des machines à voir et l’antenne qui s’y
intègre la diffusion des images, ce qui détache plus encore OKO comme évasion
d’un voir régi dans la picturalité dynamique du numérique.
La transformation ne suit pas un ordre linéaire, ce plan revient en variations. Visible
encore, boule floutée puis forme transformée, grosse tache, elle devient abstraction
colorée et mouvante, dont les bords se disloquent sur des flammèches, dont l’intérieur
soit distingue des strates irrégulières tout aussi mouvantes, soit retrouve sa forme en
rappel de cette origine référentielle. Le film vogue de l’iconique au glitch, ainsi outre
le sol devenu granit, piqueté, deux « trouées animales » ouvrent à des variations
de l’image et à son statut différencié : un chat avec son ombre, solarisé, une abeille
dans sa couleur et son double rosé. Le numérique sous-jacent de la captation s’y
déchaîne, porté par des mesures de musique industrielle ; l’aliasing est le bienvenu
ainsi que la picturalité potentielle des pixels. Le modèle informatique caché s’exfiltre
non pour simuler la réalité sans perte, mais au contraire pour prendre distance
avec ce type d’illusion de l’image clone du réel. OKO (About Eye Around) provoque le
regard dans cette alternance du plaisir de voir se composer l’image et la brillance
jusqu’au moment de son rétrécissement et de sa disparition sans traces.
Simone Dompeyre
Anne-Marie Bouchard, Atomes en quête d’immatérialité
5min42 | Canada, SPIRA
Sous l’égide d’un fragment de poème de
Jovette-Alice Bernier, Anne-Marie Bouchard
invente l’exploration de corps que l’on veut
reconnaître comme venant de l’espace.
Le son puise ses modèles aux musiques de
traversées interplanétaires, au bruit topique
des astres pourtant codé ainsi qu’au son du
soleil « interprété » à partir de ses vibrations
par la NASA, en juillet 2018… puisqu’aucun
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