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Projections  Musée des Abattoirs

Auparavant, quand une récolte est annoncée : ce sont des colonnes de fœtus, qui
sont aspirées par un énorme astronef sans motivation, ni explication, comme
perdus.
Le monde de cet interplanétaire n’est pas triomphaliste, ce qui prime c’est le rien :
la voix égrène le sémantisme de l’ectoplasme, du pourri, du vide et de la peur, de
la blessure…
Quand la lumière surgit du fond de figures géométriques ou d’espaces insondables,
quand une grosse boule brillante se meut, rien ne se produit et il arrive que la
lumière soit aspirée vers le fond de l’espace. Des fumerolles, des volutes d’énergie
résistent encore ainsi que des accès de brillantes chromatiques mais la voix ne relate
que la douleur et le vide : Voice/void.
Une telle insistance induit à découvrir dans cette excursion en SF, une fable celle
des hommes qui vont si haut, si loin, au-delà de… armés scientifiquement  –
appareils, machines, rouages sont précis et nombreux en début  – mais se
perdent – « ectoplasmes pourris » pour n’avoir pas su protéger le sens de l’humain,
l’humanisme. Ainsi tout a été piétinement, tenter d’aller ailleurs sans garder le sens
de l’humain n’entraîne qu’échec.
Astronaut of Featherweight faisant mine de dérouler le monde de la science-fiction,
y dénonce l’idéologie transhumaniste qui aspire à une telle société qui promet
à certains l’immortalité et ce faisant, écrase l’humain. L’utopie de la perfection-
mécanique est la dystopie de l’espèce humaine.

                                                                   Simone Dompeyre

Nenad Nedeljkov, Passing 17

3min | Serbie

                                        Durant trois minutes qui se dilatent parce que
                                        le lieu est sans lieu sans référent, un espace noir
                                        s’impose sans bâtimentss, ni arbres, rien que le
                                        fond sans indice de localisation et sans limite autre
                                        que celle du champ  : il s’avère l’espace traversé
                                        par de nombreuses silhouettes humaines sans
                                        davantage de signes identificatoires ni individuels
                                        ni sociétaux ni culturels et que la couleur bleue
                                        réunit, d’autant qu’elle forme un halo, hors de
toute différenciation d’âge, de race, de coutumes – hormis deux vêtements lourds
et longs entravant la marche de deux des figures alors que les corps sont nus sans
marques sexuelles cependant.

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