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Projections Musée des Abattoirs

vie que la sienne et celle d’un second être, tout en rondeur, qui le rejoint et qui,
simultanément à lui et face à lui, s’assied en position de lotus.
Ils ont choisi une des plates-formes faites de strates horizontales superposées et
en jouxtant d’autres en colonnes de cet univers bleu qu’une musique planante
enveloppe.
Sans mots mais non sans pensée puisque de son esprit émane une figure géométrique
qui se complexifie très vite, en trois couleurs successives. Elle devient polyèdre
sculptural en lévitation, entre eux, puis flottant, dupliquée sur chaque hauteur
que l’ouverture en plan d’ensemble découvre. Autant de pyramides dont les côtés
produisent des pyramides, autant de formes en diamant venue de la pensée. Ainsi
elles seraient métaphores des productions de l’esprit humain pour peu qu’il sache
s’arrêter, penser, laisser du temps au temps et à la contemplation. Ainsi se résout la
disproportion entre les vagues énormes et la petite étendue où le premier « homme »
a plongé : on y saisit une première métaphore de la plongée en soi où s’agitent tant
de passions tumultueuses.
Alors on comprend le conseil transmis par l’artiste et qu’il a emprunté à un sage
chinois du xiie, Cijiao de Chang-Lu qui recommandait le Sutra du Lotus pour
atteindre la « sagesse pure sans entrave » en s’installant dans un lieu clos, dans une
attitude entraînant l’immobilité du cœur et de l’esprit jusqu’à être « immuable
comme la montagne centrale ». En effet, il cite « Si tu vas chercher une perle,
attends que l’eau soit calme ; elle sera plus difficile à trouver si tu troubles l’eau.
Quand l’eau de la concentration devient claire, la perle de l’esprit se révèle d’elle-
même ».
Et l’espace bleu plateau montagneux au fond de l’eau répond aux critères aidant à
cette immobilité.
Cependant, la pensée occidentale pense le monde écrit en langue mathématique
ainsi la sagesse atteinte par ses yeti en position de lotus, droits, sans pencher la tête,
deviennent volumes géométriques stricts et volant dans la musique des sphères.

Simone Dompeyre

Dalibor Baric, Astronaut of Featherweight

27min | Croatie, Bonobo Studio

Astronaut of Featherweight alarme dans son oxymore : « l’astronaute poids plume »,
l’astronaute du sans importance quand cette spécialisation connote la science,
l’espace, les voyages interplanétaires. L’annonce est celle du peu d’espoir de
réussite ; le film ne respire, en effet, pas de science fiction triomphaliste, pas de
voyage porté par un projet de découverte, de vie autre ni meilleure. L’animation
précise convoque les topoï du genre mais dans le mode mineur, de la déception, du

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