Page 156 - Catalogue-livre_Rencontres Traverse 2019_L'Expérimental-recherche-art
P. 156

Performances  Prép’art

crédit photo : Kaëlis Robert  Prép’art

                              Cindy Cordt, On ne peut que déplorer l’importance de Kant

                              20min | Allemagne

                              Die wichtigkeit von Kant ist bejammernstwert traduit ainsi par Cindy Cordt : On ne peut que
                              déplorer l’importance de Kant – Acte I, acte II.

                                                             Cindy Cordt a performé dans la friche de Prép’art : une
                                                             sorte de rue intérieure, un passage, dirait-on, mais fermé
                                                             par un escalier en son fond d’où l’on peut aussi observer
                                                             ce qui a lieu dans la friche.
                                                             Elle dispose encore d’un palan (non fonctionnel) dont
                                                             les bras circulaient sur de lourdes tringles métalliques à
                                                             plusieurs mètres du sol. La fiche était dans l’obscurité. Seul
                                                             un petit projecteur halogène éclairait la zone de Cindy
                                                             Cordt. Loin de faire théâtre et scène ouverte – malgré la
                                                             mention d’actes I et II –, ce projecteur créait plutôt cette
                                                             dimension d’intimité qu’on peut collectivement ressentir
                                                             à se regrouper dans un lieu abandonné, comme s’il
                                                             s’agissait du lieu caché d’un ancien atelier uniquement
                                                             éclairé par ce projecteur de chantier.
                                                             Cette performance est pensée en trois actes. À ce stade
                                                             de la création, Cindy Cordt a pensé les deux premiers,
                                                             qu’elle a performés dans la friche.
                              Pour le premier, elle apparaît vêtue d’une combinaison collante noire dégageant
                              largement le cou et de chaussons de danseuse blancs. Devant elle, deux paires de
                              chaussures à talons dont elle enfouit les deux premières dans sa combinaison en
                              les retournant sur chacune de ses épaules et les deux autres sur chaque hanche.
                              Au sol, une cafetière et une pile d’assiettes à café et d’assiettes de table, qu’elle
                              répartit en désordre devant elle, dans cette tenue de danseuse longiligne, tenue
                              charpentée contradictoirement aux épaules et aux hanches. Elle verse alors, depuis
                              la cafetière, un peu de sable, dans chaque assiette qu’elle s’applique à casser, parfois
                              avec son pied tournant, parfois en faisant les pointes et ainsi pour chaque assiette,
                              méthodiquement. Elle joue de son corps de danseuse en une sorte de chorégraphie
                              gracieuse – mais déterminée – de la casse.
                              Au deuxième acte, les chaussures enlevées, assise en tailleur, elle dispose des touffes
                              de cheveux déjà coupées, devant elle. Elle passe à un régime de lenteur voulue :
                              longue attente à chaque fois qu’elle enfile une aiguille pour coudre sur ses épaules

                              156
   151   152   153   154   155   156   157   158   159   160   161