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Prép’art Performances

ou sur le haut de sa poitrine ces touffes de cheveux. Les gestes se répètent dans
le même cérémonial dont on attend la signification. Il s’interrompt un instant, le
temps pour Cindy de déposer des brosses à cheveux – parfois accompagnées de
morceaux des assiettes de l’acte précédent – au devant des spectateurs en demi-
cercle face à elle ; une autre fois, ce sont des touffes de cheveux mêmes qui, déposées
devant eux, viennent à nouveau interroger les spectateurs. Sans réaction de leur
part (On apprendra lors la Table ronde d’artistes à laquelle elle a participé à la
librairie Ombres Blanches – qu’elle cherchait ainsi à ce que des spectateurs passant
la brosse dans leurs cheveux lui en donnent quelques-uns, qui auraient rejoint les
touffes qu’elle cousait sur sa combinaison). La même séquence fil aiguille/couture,
se répète pendant de longues autres minutes silencieuses puis s’arrête, en rupture,
par le départ impromptu de Cindy.
Quelle est l’unité qui relie cet acte I à cet acte II, si indépendants apparemment, le
seul point commun étant la tenue identique et les tessons d’assiette ? Formellement
il semble se dégager une connotation féministe : elle rompt la grâce de la danseuse
et les codes d’un corps longiligne en charpentant sa tenue par les chaussures aux
épaules et aux talons ; elle casse les codes de la ménagère, les assiettes ; elle exhibe
en les cousant sur sa poitrine ces cheveux qui, pour d’autres, sont si représentatifs
de la femme sexuée qu’il faut les soustraire à la vue sous un voile.

Pour autant, Cindy suggère une autre strate crédit photo : Anne Murray
de lecture, lors de son intervention à la libraire
Ombres Blanches.
La performance – du moins au sens du verbe
to perform, accomplir une action, faire acte –
crée une monstration inattendue, qui interroge
puisqu’elle se déroule en milieu urbain souvent,
du moins dans un endroit non convenu ou voué
à la représentation : les passants s’arrêtent ou se
retournent dans la surprise, ils ne sont pas venus
expressément pour assister à une représentation comme au théâtre.

Que reste-t-il, dès lors, du sens ou du geste de ce qu’on appelle « performance », que
l’on dissocie du théâtre alors que Cindy y fait référence avec les mentions d’acte I,
acte II ? Ce qui en constitue l’arête ou le tranchant : venir au-devant de l’autre par
un acte inattendu et ainsi l’interroger : c’est sur cette frontière que travaille Cindy.
À quel moment une personne en situation sous le regard des autres bascule-t-elle
dans une réponse à ce qui vient l’interroger, comme prise par la nécessité d’un
contre-don au don qu’elle a reçu par surprise. À quel moment, la nécessité de la

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