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Prép’art Installations
spectateur a à observer et à scruter les zones sombres, a à découvrir les différentes
composantes pour saisir le référent… mais il lui faut, au-delà de la mémoire
indispensable à toute lecture filmique et vidéographique peut-être la patience
jusqu’à la fin de ce balayage afin de « reconstruire » une image d’une collision,
une image d’un véhicule écrasé, sans autre information. Dans un contexte inconnu
même si Crash Test induirait à penser aux essais pratiqués par les constructeurs
automobiles pour (s’)assurer de la sûreté de leurs machines.
Plus, cette forme particulière d’invitation à lire entraîne les questions du cadrage
inhérent à tout image mais surtout au filtre voire à la censure des informations
menée par les médias qui décident de révéler ou pas le fait.
Loin de se réduire à ce propos d’avertissement, Crash Test est même morcelée, image
en mouvement, ce qui définit le cinéma.
Anne Muray
Davor Sanvincenti, Almost Nothing: So Continues the Night
12min | Croatie, Bonobo Studio
L’artiste dit : « Le film tourne autour de l’ampoule comme la Terre tourne autour
du Soleil. La lumière rend le film visible. En orbite autour de la tragédie du film et
de notre réalité, l’image résiste à la cruauté de l’expérimentation. »
Davor Sanvincenti, né en Croatie et également connu
sous les noms de Messmatik et de Gurtjo Ningmor,
explore les divers champs des arts audiovisuels y
transgressant les frontières du film et de la vidéo,
de la photographie, des installations sonores et
de la performance. Il y questionne le concept de
perception et problématise la place des sens dans le
processus de constitution du réel, en développant
une esthétique qui oscille entre ce qu’il appelle une
phénoménologie audiovisuelle et une anthropologie de la culture visuelle.
Almost Nothing: So Continues the Night de 2017 s’intéresse à la capacité de percevoir,
surtout de voir – et donc de savoir ce qui nous entoure dans le monde.
Davor Sanvincenti y répète les possibilités de la connaissance par la perception, ce
qui devient possible dans la mesure où l’univers est composé du même élément,
se référant à l’idée d’unicité entre les êtres. Ainsi, est-il possible pour l’homme de
voir la mort d’une étoile aussi éloignée soit-elle, même s’il n’est pas possible de
l’apprécier simultanément mais après des milliers d’années de son apparition.
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