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Installations  Lycée Ozenne

l’individu, de la seule manière possible, à travers les fondements, les émotions, les
connaissances, les possibilités et la reconnaissance de la diversité comme principe
de coexistence et de développement social avec l’héritage culturel et émotionnel de
l’homme respecté dans toutes ses instances.
Hernando Urrutia n’oublie pas ses origines, la débâcle de la terre qui a nourri sa
jeunesse, son éducation, sa famille dispersée à travers le monde comme tant d’autres
familles, sa relation de couple amoureux et solide, la famille qu’il a fondée. L’artiste
a toujours su faire de son atelier un espace sacré, productif et mobile. Les symboles
intemporels, millénaires, l’ont transformé dans les années 1990 en un chasseur de
possibilités de communication ouvertes à la compréhension émotionnelle de toute
personne. Ces tableaux se sont simplifiés et ont fait appel aux souvenirs les plus
éloignés de la mémoire collective, aux abstractions formelles. Les installations
symboles et rituels pris en un point d’extase, s’apparentent à un regard vers un
interlocuteur.
Il n’a pas changé de voie après s’être installé en Europe, au contraire, il le réaffirme
en se nourrissant de nouvelles connaissances de la vaste avant-garde européenne
et de ses influences. Hernando poursuit son travail introspectif, explore l’image
virtuelle, réfléchit sur l’infini du monde virtuel, comme extension extrême des
univers collectifs mais également de l’être qui crée, fidèle au rite et à son propre
développement. Cela le mène à un point culminant, l’art vidéo, déterminant ses
propres processus créatifs-réflexifs et exploratoires.
Le Net nous relie, je peux profiter de son travail fructueux en un temps relativement
court. Hernando connaît les principes et l’origine de l’art vidéo, ses premières
motivations, rebelles et pointues. Ses objets et motivations oscillent entre la création
elle-même, l’esthétique, les techniques, le montage, la qualité et le temps de réflexion,
le fonds émotionnel ainsi que la synthèse de tout le travail pour aboutir à une
œuvre personnelle, propre, esthétique, ouverte à l’autre. Déconstruire, reconstruire,
démolir, réarmer, réinventer, geler, déformer, additionner ou soustraire. Unir et
compléter l’image et le son afin de radicaliser une atmosphère sans mesure de temps,
où les mouvements d’images géométriques, figuratives et abstraites se renforcent, se
ralentissent ou restent en suspension grâce au son.
Y sont récurrents les motifs de l’œil, du regard, de l’identité originelle prête à se
mettre dans le pas de l’autre, comme dans la quête du dialogue entre des formes, des
couleurs, des positions, des sons, des idées et des croyances non seulement différents
mais opposés, jusqu’à se réverbérer dans l’antagonisme dont l’ignorance serait une
grave omission, c’est-à-dire une attitude biaisée qui ne pourrait survivre.
Cette récurrence du regard, des yeux, se répète dans d’autres travaux de 2017 –
mirARTE NO mirARTE – V, mirARTE NO mirARTE – VI et olhAR-TE – VII
(mirARTE – VII)  – dans lesquels en tant qu’élément clef, il atteint son apogée.

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