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Installations Quai des Savoirs
Quai des Savoirs
Jing Zhou, Through the Aleph: A Glimpse of the World in Real Time
installation Net art | États-Unis
Que Aleph s’intègre au titre de ce projet
de Net Art convoque divers champs de la
pensée concernant l’écriture et sa naissance/
ses naissances : la littérature par la nouvelle
éponyme de Borges qui y interroge l’infinité
de l’espace, du monde, de la réalité ; la théorie
des ensembles avec précisément la notion du
« bon ordre » et le théorème de Zermelo.
Un tel réseau, très factuellement, le plaçait
comme premier dans l’itinéraire-exposition
du Quai des Savoirs où il augurait les divers cheminements vers la lumière, vers la
quête des œuvres programmées.
Quant à l’écriture, elle a, à l’origine, procédé d’une image codée puisque l’aleph –
première lettre de l’alphabet hébreu, devenu alpha qui a nommé notre alphabet –
schématisait une tête de bœuf, dont elle était phonétiquement l’initiale, selon le
fonctionnement de nos rébus qui fondent un nouveau mot par le dessin de choses.
Par ailleurs, la Cabbale – cette tradition ésotérique du judaïsme, donnée à Moïse en
même temps que le Décalogue, sur le Mont Sinaï, considère l’Aleph comme l’absolu
puisqu’elle y lit la divinité illimitée et pure.
Quant à la mathématique, elle désigne et nomme par cette lettre inaugurale, les
cardinaux des ensembles infinis bien ordonnés, i.e. l’aleph représente sa « taille »,
indépendamment de toute structure que puisse avoir cet ensemble. Les alephs
forment une classe propre elle-même « bien ordonnée » ainsi on dira que « Tout
ensemble peut être muni d’une structure de bon ordre, c’est-à-dire d’un ordre tel
que toute partie non vide admette un plus petit élément. » Ainsi un aleph est un
point de l’espace qui contient tous les autres.
Quant à Borges dans sa quête constante du déchiffrement de l’Univers qu’il
compare si souvent au labyrinthe, et auquel il aspire et qu’il craint à la fois parce
que sa compréhension entraînerait l’abolition de l’homme, il suit dans L’Aleph,
un homme qui pense avoir atteint l’Aleph qu’il décrit comme un point de lumière
qui contiendrait l’ensemble de l’univers. L’homme glose que tout ce qui a eu lieu,
aura lieu encore, partout et tout le temps au sein de l’univers, se perçoit de l’Aleph,
puisque l’Aleph est l’un des points dans l’espace qui contient tous les autres points –
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