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Quai des Savoirs Installations
et des techniques (informatique).
Traditionnellement, l’art algorithmique offre des représentations visuelles ou
auditives. Ici c’est l’algorithme lui-même qui est pris comme métaphore.
Cette installation numérique minimaliste questionne la définition même et le
périmètre de cet art dit numérique par une proposition qui en fait clairement partie,
sans pour autant faire intervenir l’ordinateur ni aucun traitement informatique,
d’aucune sorte.
On se souvient de la critique faite aux premières peintures monochromes : « ce
n’est pas assez ! ». Ici, et pour les paraphraser, un interrupteur et une lampe « est-ce
assez » ?
La simplicité formelle de cette installation semble questionner au premier degré le
rapport du spectateur à l’espace – puisque c’est bien l’écartement entre les boutons
qui impose l’intervention d’un second spectateur. Elle questionne, en fait, avec
beaucoup plus de force encore, le rapport du spectateur à l’art.
Tout comme le fait la revendication de l’appartenance de la science au périmètre de
l’art, à travers la référence explicite au domaine des mathématiques et à l’algèbre
booléenne.
Cette installation implique le spectateur comme acteur performatif, au centre d’un
dispositif issu de son quotidien, qui nous « éclaire » tout en faisant lien entre vie
sociale, science et philosophie. Ou pour le dire à la manière de Robert Filliou,
« l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. »
Katherine Balsley, Cosmos Obscura
boucle sur écran | 4min | États-Unis
Cosmos Obscura : une association de
termes que l’habitude de la formulation
de l’instrument ancêtre de l’appareil
photo, pourrait confondre. Si ce n’est
que quand le cosmos appelle l’univers,
ouvre à l’infini – outre la beauté contre
le chaos, par définition, désorganisé –,
la camera obscura ferme un espace, elle
est la chambre, la boîte. Boîte optique,
cependant, qui concentre les rayons et
forme une image : machine à voir.
Cosmos Obscura opère la rencontre de ces deux desseins, en une variation de film
footage. Les images sont empruntées à celles prises par la sonde spatiale Voyager II,
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