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Quai des Savoirs  Installations

de formes simples géométriques puis plus complexes et portées par des morceaux
de Brahms, de Verdi ou de Beethoven. Parmi eux Rhythmus 21 de Richter impose
qu’on le décrive : des rectangles et carrés se meuvent au premier plan, au dernier
plan d’un champ pourtant sans profondeur, de droite à gauche et inversement,
horizontalement, verticalement. Ils se déplacent en un rythme envolé, déchaîné,
les noirs varient sur fond blanc et inversement, le film passe du positif au négatif.
Quand les Whitney John et James, en 1944, par un système complexe réunissent
des rayons lumineux, des filtres colorés à des procédés optiques pour composer,
leur premier film abstrait en 1961, ils l’intitulent Five Film Exercices, affirmant
la recherche, l’essai qu’ils poursuivent avec l’ordinateur  – alors analogique et
nouvellement fabriqué – quand John compose son Catalog, qui, très logique avec ce
titre, recense tous les effets graphiques qu’il avait créés. Cependant, James anime
Yantra en 1957, un dessin fait à la main photographié sur une imprimante optique
qui, lui s’inspirait des écrits de Jung sur l’alchimie.
Ritcher était dans une autre option de création, non pas liée à la machine mais à la
reconnaissance de la lumière comme fondamentale. Et si l’option du parallélépipède
de Rhythmus appelle le cadre, qu’elle rappelle le support écran de ces variations,
Richter efface la perspective pour le cinétisme actif, pour la lumière première et sa
coda est éblouissement.
Katherine Balsley en optant pour le cercle perd la notion de ce cadre voire défait
la nécessité de l’écran cinématographique du moins dans son écriture première –
sinon dans sa projection. Le cercle contenant le cercle, le cercle s’amenuisant en son
centre même vont vers le point premier, numérique. La coda est la disparition en ce
point infime/infini du cercle. Cosmos Obscura est le lieu/le point de résolution et de
dissolution du point et de la figure.

                                                                   Simone Dompeyre

Sabrina Ratté, Domestic Landscape: Eclipse

boucle sur écran | 3min27 | Canada, GIV

                                             Est-ce intérieur, est-ce un ailleurs ? Est-ce un
                                             projet de construction d’un autre monde sur
                                             le sol mouvant de l’ancien ? Domestic Landscape
                                             refuse la catégorisation, dès sa qualification
                                             de paysages comme domestiques, de la
                                             maison/domus en latin, mais, peut-être, aussi
                                             comme les appareils analogiques familiers
                                             d’hier. Cependant, le paysage n’est pas celui
                                             attendu géographique, la maison ne l’est pas

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