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Cinéma UGC  Projections

comme des points de lumière parsemés dans un jaune cotonneux attiré par un
beige en camaïeu jusqu’au marron clair dans la subtilité des variations de la couleur
ou comme des fleurs luminescentes. Ainsi que les mots lentement et doucement
dits, l’image se fait poétique en lectures plurielles mêlées, dans le plaisir du signifiant
sonore et visuel, loin des assertions figées.
Ainsi de si légers travellings les frôlent, les sertissant de blanc tempéré ; ils agissent
ainsi que la voix du désir amoureux de l’autre lieu, de l’autre personne grâce à cette
analogie de la matière se métamorphosant par la dissémination de ses cellules, leur
offrant à se rencontrer à nouveau et différemment.
Si l’exil est douloureux, l’écrire en poésie visuelle en ôte les aspérités et elle charme.

L’artiste dit : « Exquisite Exodus témoigne des effets psychologiques de l’exil ; sans
aucun point de référence, point où le chez-soi existe, on regarde vers le ciel mais on
le juge sans constance. C’est pourquoi, ce sont les plus infimes cellules dont nous
sont faits qui deviennent sources de connexion, se modifiant et se transformant en
espérant être comprises et acceptées et c’est pourquoi nous continuons à bouger, en
laissant des traces de nous-mêmes. Ce poème vidéo confronte le visuel à la poésie,
chacun participant totalement à l’expérience d’immersion dans l’œuvre. »

                                                                   Simone Dompeyre

Adriana Amodei, Viaggi dello sguardo, al femminile

4min39 | Italie

                                   Le regard nomade ne cherche pas un exotisme
                                   de touristes malgré l’éloignement du pays qu’il
                                   embrasse car ce qui motive Adriana Amodei, la fait
                                   tourner  – y compris filmiquement  – c’est l’humain.
                                   Le mouvement adopte en son début/départ, le
                                   point de vue du voyageur du train, découvrant en
                                   légère plongée ses si proches alentours alors que les
                                   inscriptions en écriture indienne situent d’emblée
                                   le pays. Cependant la distance n’est pas le mode
                                   d’approche de l’artiste portée par l’amour vers l’autre.
Elle enveloppe le lieu de la superposition légère et colorée alors que le ralenti exclut
la personne filmée de la difficulté de sa réalité. Telle enfant protégée sous un grand
parapluie en couleurs échange son espace avec telle personne plus âgée en noir et
blanc ; des visages se distinguent et sont remplacés par d’autres, ridés ou d’enfant,
des groupes posent avec un retour au passé – les premières prises de vue datent de
1958 – et d’autres travaillent : fragments de couture avec vieilles machines à main,

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