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Projections  Cinéma UGC

La vidéo réveille un souvenir du Golconde de René Magritte où les hommes en
manteau noir, chapeau melon noir  – la figure magrittienne  – pleuvent leur
anonymat sur la ville, puisque Pablo-Martín Córdoba sature l’espace, l’espace
citadin, il efface l’identité par le groupe voire la masse. Cependant, si, comme
dans le tableau, les humains se répliquent de façon presque identique, il demeure
deux de  – certes  – rares et fragiles traces de leur individualité du moins de leur
activité de marcheur : la rémanence donne une empreinte de leur parcours, dessine
la géométrie des itinéraires. L’œil averti démêle l’inextricable agencement, en
reconnaît les composantes.
Ainsi en filigrane se rejoue le débat originel de la sociologie, quand les tenants de
la « macrosociologie » à la Durkheim décrivent la société de masse comme « une
masse d’individus indifférenciés, semblables à des atomes » et qu’inversement, les
tenants de la « microsociologique », tels que Gabriel Tarde et que Gustave Lebon, y
reconnaissent le processus consensuel d’imitation constitutif de cette forme sociale,
la foule.
Et certes, Gare Paris-Saint-Lazare saisit en simplicité la relation de l’individu au
groupe, elle la saisit comme somme de diverses individualités qui forment le
groupe mais la vidéo ouvre un autre champ de réflexion celui du statut de l’image.
Pensée au quotidien comme reflet du réel, semblable au voyageur, à la voyageuse,
référentielle, elle s’avère en soubassement trait, tracé, couleur, entrelacement de
lignes et toujours image en abstraction puisque Gare Paris-Saint-Lazare voyage du
regard qui se pourrait sociologique à une approche aniconique : abstraction.

                                                                   Valentin Labatut

Pang-Chuan Huang, Retour

19min48 | Taïwan/France
                        On va au réel avec des fragments de bCeharuistéMdaerckienréastes passés.

                                         L’homme du train, Pang-Chuan Huang s’inscrit
                                         dans la lignée du cinéma, celle qui avec le train
                                         des Lumière inscrivit en germe tous ses futurs,
                                         prévoyant l’espace en organisant un point de
                                         vue unique, fixe et à hauteur d’humain, oblique
                                         et décentré prévoyant le moment précis pour
                                         actionner la manivelle.
                                         Leur film s’ouvre sur le quai de gare  : deux
                                         voies de chemin de fer, filant sur la droite vers

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