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Projections Cinéma UGC
Bill Brown, XCTRY
6min18 | États-Unis
Un voyage autoportrait, sans doute, comme en soubassement, le sont tous les roads
movies… mais autoportrait à construire par bribes et restant en bribes, puisque
condensant ce récit de quête d’un ailleurs en 6 minutes, il n’en retient que certains
motifs. Quant à la croix qui barre et perturbe la lecture de country, le X du titre, elle
amorce cette réduction du champ du dire, réduction logique puisque c’est le voyage
de l’entre-deux. Bill Brown quitte Chicago pour Las Vegas ce qu’il précise en voix
off sur le silence iconique : « J’ai quitté Chicago aujourd’hui », même si ces plans
tournés en 16 mm datent de voyages antérieurs.
Le non-linéaire fonde son parcours/récit. À la suite de l’espace noir où s’énonce
sa décision à partir, le flicker empêche la localisation en accumulant en couleurs les
types des lieux traversés, objets éclatés autant que successifs. Le voyage n’est pas de
découverte des villes mais de traversée, trajet.
L’écran adopte la polyvision, en une partition de variations, souvent triptyque,
parfois double, puis seul puis en trois… en jouant parfois à reconstituer par ces trois
prises distinctes, le tableau de bord sans jamais prétendre voire désirer faire illusion
d’une seule image, lorsqu’il jouxte des lieux plus ou moins éloignés sur la route.
Le champ est fixe puisque le point de vue est celui du chauffeur, qui avance d’un
point à un autre. Rares sont les véhicules croisés qui formeraient un mouvement
indépendant ainsi une moto et telle voiture en profondeur du champ. Le film a beau
voyager, il reste maître de son cadre, de ses cadres successifs. Diverses chansons du
répertoire américain aux voix connues mais elles sont toutes, de même, fractionnées :
un segment entendu, un autre, un autre encore ou la réitération du même fragment
d’émission radio en voix d’homme impliquent que son discours importe peu. Le
déplacement se fait ainsi enchâssé.
Le voyage est comme interne, les commentaires ne réagissant pas aux choses vues
mais induisant à écouter. Pourtant, le contrepoint discours/images est fondateur
comme mouvement entre le dire et le voir. Mouvement aussi du véhicule qui ne
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