Théogonie de l’orgasme artificiel, 2025, installation (FR) : Théogonie de l’orgasme artificiel réunit un film connaissant les codes de la science-fiction et une sculpture en résine, réalisée en impression 3D. Elle imagine l’orgasme féminin dans un monde régi uniquement par les mathématiques – comme le sont les mondes virtuels et surtout ceux créés avec l’IA. ET si l’orgasme est une fonction algorithmique, alors il devient créateur de mondes à son tour. Dès lors, on pourrait parler d’une théogonie, au sens donné à l’Antiquité, par les Grecs : une création de l’univers, des dieux qui l’habitent et le façonnent à leur tour. Eurynôme, déesse primordiale créatrice du monde par le mouvement harmonieux, Gaïa, reine des cycles et dès lors des fonctions itératives, Nyx, figure de la nuit, du désordre ainsi que des des fonctions stochastiques, et enfin Mnémosyne, qui mémorise les calculs, seraient les figures tutélaires de ces planètes engendrées par le plaisir mathématique… À la recherche d’une métaphysique des algorithmes.
Au départ : une formule mathématique fictive élaborée avec une intelligence artificielle et ma propre pratique du code. Cette formule est impossible dans sa totalité, quoique composée d’éléments rigoureusement valides. Comme une phrase fausse faite de mots vrais, elle joue le rôle d’un artefact spéculatif et latent : elle figure le chaos primordial, une structure instable mais féconde, capable — sous certaines stimulations numériques — de générer des mondes de plaisir. Ces stimulations prennent la forme de calculs mis en tension, de séries d’opérations esthétiques et narratives mimant les phases d’un orgasme : excitation des calculs, montée, paroxysme, retour à l’équilibre.
À travers cette structure algorithmique du plaisir, une cosmogonie alternative se déploie, où chaque figure mythologique marque une étape du processus computationnel :
-Eurynôme, souffle originel, amorce le mouvement ;
-Gaïa donne corps au cycle, à l’itération comme principe créateur ;
-Nyx introduit le désordre, l’imaginaire, les variables complexes — elle éloigne le système d’une conception strictement mécanique ;
-Mnémosyne conserve les traces, mémorise les calculs, afin que se contruise le récit.
La sculpture, générée par impression 3D à partir de cette logique, condense physiquement cette fiction. Elle évoque une planète-organisme, un clitoris mythique, vestige tangible d’un monde né du code et du fantasme. Le film, quant à lui, donne voix à cette théogonie : une narration située entre l’intelligence artificielle et l’expérience humaine, entre corps et langage machine.
Entre science-fiction statistiquement probable, mythologie technologique et matérialisation numérique, Théogonie de l’orgasme artificiel explore la possibilité d’un lien entre désir et calcul, entre l’univers du plaisir et celui de l’algorithme. À travers ce geste, il s’agit de détourner les logiques de production de l’IA pour ouvrir un espace de trouble, d’émotion, de récit et de puissance. L’orgasme y devient narrateur : une voix qui fait naître, non pas des vérités, mais des mondes de plaisir. »
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