Page 10 - catalogue_2013
P. 10
Quelle place à Toulouse pour l’expérimental ?
Sébastien Tarot : Je viens d’Avignon ; je travaille en super 8 et fus programmé à Traverse Vidéo. Depuis
quatre ans, je vis dans le Tarn à Gaillac. Je suis plasticien et utilise beaucoup la pellicule comme objet
d’installation.
La pellicule super 8 pour l’instant : mais je cherche à passer à d’autres formats - toujours en support
pellicule puisque c’est là mon plaisir, mon intérêt - plutôt vers le 16mm cette année.
Je réalise des “ciné concerts” en super 8 avec plusieurs projecteurs, où les images se mélangent aux
sons & aux musiques en direct.
Des séquences de ¾ d’heure ou d’une heure au mieux avec des images de films connues de tous, mêlées
à des images amateurs, ou à mes propres prises de vues.
Dans cet esprit, je participe à un laboratoire artisanal de développement de la pellicule, dans l’Aveyron,
dans le petit village St Sever. Ce laboratoire “Bioskop” fait partie du réseau des laboratoires européens
artisanaux. À une petite poignée de six, sept personnes, nous y développons nos propres films, mais nous
rencontrons actuellement notre première difficulté, la nécessité de déménager de l’Aveyron, pour un tas de
raisons.
Une négociation avec la cinémathèque à Balma est en cours, ils ont un peu d’espace et sont intéressés
par notre grande développeuse de films 35 mm.
S.D : Raphaël Sevet aurait dû être notre second intervenant “pellicule”, et par ailleurs, le troisième du trio,
puisque selon un de mes mots favoris « archéocinéphile », nous travaillons déjà à une programmation
pour 2014. Raphaël répond actuellement à une proposition artistique à Tarbes, il habite Toulouse.
Françoise Lacoste : Je travaille pour la mairie de Toulouse à l’Espace Croix Baragnon, avec Elodie
Sourrouil. Nous sommes les plus institutionnelles de cette table, puisque nous dépendons directement de
la collectivité comme employées de mairie ; aussi n’avons-nous pas de rapport direct avec le mot
“expérimental”. Le champ de la mission de Croix Baragnon est désormais défini ; il accompagne des
jeunes artistes régionaux qui expérimentent de nouveaux territoires plastiques, qui essaient de ne pas être
dans des langages situés dans des filiations trop évidentes.
Nous avons un devoir aussi, un devoir de public, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas avoir de
public pendant trop longtemps
S.D : Comment entendez-vous la formule “une exposition risquée” ?
F.L : Je crois que l’autocensure fonctionne, on n’a besoin de personne pour censurer : la pression
fonctionne dans l’autre sens, on nous demande de travailler sur des sujets qu’on ne voudrait pas aborder,
mais si on nous le demande, on le fait. Comme il n’y a pas de responsabilité morale sur le propos au sein
de la mairie, on assume ce qu’on montre de la même façon que si l’on en était auteur ou exécutant,
pareillement. Quant à notre rapport à l’expérimental, il tient dans les artistes que nous soutenons dans leur
propre chemin à eux ; mais, en fait, nous prenons des globalités de parcours, sans avoir un rapport direct
avec des œuvres ou des pièces qui seraient purement expérimentales.
Cependant il faut qu’il y ait du monde, une galerie vide ne fonctionnerait pas longtemps. Il ne faut pas
perdre tout notre crédit.
M.P : C’est valable pour nous aussi, plus ça va et plus nos dossiers de subventions sont jalonnés de
questions “qui fréquente, combien, quand – avec le nom des personnes?”.
10 16ème édition des Rencontres Traverse Vidéo