Page 122 - catalogue_2013
P. 122

Anne-Catherine LE LAYO

                              Une heure pour (ne) rien (faire)

          La voix mentionne non seulement la couleur des rideaux rouges ou le vert des murs, elle donne
leur nom à ses “modèles” Claire, Oliver, Yann, ou Jeanne, et identifie l’absent en Eric ; elle énonce leurs
petits actes comme jouer au ballon pour Ludi, comme elle date la tardive rencontre de Nico au vendredi
précédant ce dimanche. Elle intègre le hors cadre, en précisant les états d’esprit d’Anne-Catherine Le
Layo angoissée, fatiguée ou rassurée. Cette voix énonce autant d'indices indispensables pour
comprendre les contraintes et le déroulement de l'action. Elle crée une zone de flottement entre les
images vues et le texte lu: un point de rencontre entre le sujet (le participant), le photographe et le
spectateur.

          Anne-Catherine ré-alimente le geste banal de photographier, elle lui redonne le poids de
prendre, de le penser, de se donner le temps de. La photographie s’y démontre comme action et non
comme un bel art, elle nécessite un faire mûri. Plus encore, elle redonne une instance au photographié,
en lui reconnaissant sa part de la chose, un contrat de temps passé ensemble en une chambre peu
hospitalière, peu confortable et aux bords de fenêtres écaillés, entre photographié et photographiant, elle
fait expérience.

                                                                                               Simone Dompeyre

Installations / Expositions - Histoire(s)                                                                       123
   117   118   119   120   121   122   123   124   125   126   127