Page 45 - catalogue_2013

Des réalisateurs...

Le son suit cette décision en mêlant chiens et jeux d’enfants près, circulation automobile plus lointaine,

oiseaux plus proches sans privilégier l’un ou l’autre dans l’enregistrement dans le jardin. D.S

Franck BOULEGUE & Marisa HAYES, Gaffe, 3'42, 2009, France
Cette courte vidéo a répondu à un concours lancé par la New York Dance
Films Association, et en a remporté le prix Susan Braun. La contrainte à
laquelle répondait cette vidéo-danse concernant le lien à nouer avec
l'actualité, elle retint l'effacement accidentel par la NASA des bandes vidéo
des premiers pas de l'homme sur la Lune, une “gaffe” monumentale,
susceptible de surcroît de relancer toutes les théories du complot relatives
à cet évènement. La vidéo accorde un caractère dansant aux mouvements de l’astronaute en apesanteur,
tout en multipliant les “gaffes” – ainsi dans la bande-son.

Franck BOULEGUE & Marisa HAYES, Odyssey XXI, 3', 2012, France
a répondu au concours récemment lancé par Lars Von Trier, dont le sujet
imposait de réaliser un film en partant d’une œuvre sélectionnée par ses
soins, Odyssey XXI opère ainsi une variation poétique du dernier chapitre
du Ulysse de James Joyce, qui lui-même revisite le 21ème chapitre de
l’Odyssée. Afin de provoquer visuellement l’impression de la lecture de ce
chapitre, long monologue intérieur de celle qui donne, au début du XXème
siècle, figure à la Pénélope d’Homère, la vidéo crée une atmosphère hypnotique, onirique, ainsi la
danseuse n’ouvre jamais les yeux lors de ses divers mouvements nocturnes.
Si le 21ème chapitre de l’Odyssée relate le concours de tir à l’arc opposant Ulysse aux usurpateurs de son
royaume, la danseuse est également menacée, transpercée par les diverses flèches de signalisation,
tracées sur la route, afin d’indiquer aux conducteurs le chemin à emprunter. Un chemin avec lequel le flot
de conscience de la danseuse se débat lui aussi, les hésitations et les revirements abondant dans sa
démarche physique comme mentale.
Ses interrogations relatives à sa fidélité à son mari, à son rôle de mère, deviennent des images renvoyant
à sa matrice selon une bande-son, qui joue avec des modulations stimulant les ondes cérébrales pour
susciter le sommeil.

Aurélie DUMARET, 2Union, 3'13, 2012, France

“Du venin dans les veines, concentré de cyanure, embrasser ou bien

mordre au son de ce piano. Récitez-moi vos peines, rouvrez toutes les

blessures, exhumez ce désordre qui vous ronge la peau… Car si les cœurs

saignent, c’est parce qu’il se murmure qu’on ne fait que se tordre au milieu

du chaos. Et si la peur règne sans partage en lieu sûr, nos désirs sont des

ordres et non seulement des mots”.

Des paroles sinon chantées quasiment susurrées, à la fin de cette cérémonie vidéographique du corps, en

signent le sous-texte.

Un fond noir en a-localise l’espace, qui accueille le corps fragmenté derrière un grillage, le corps bouscu-

lé, le corps porteur d’épée menaçant, le corps lové sur lui-même mais aussi cette tête-statue de dieu grec

aux yeux étonnamment vigilants, mais aussi un cheval somptueux dans son galop, mais aussi une che-

nille, l’espace de quelques images… Le corps se mêle à une matière informe ; une main en gros plan seule

puis frottée par une seconde, luit de ce qui la recouvre et l’obscurcit. Il est meurtri par le signal vidéo, qui

se dessine sur ses membres avant de les effacer, de les rendre lumière… la déstructuration à la fois vous

accroche et distancie : vous êtes aussi ce corps social, vous êtes ce corps matière, mais la chanson vous

glisse des mots de rudesse de l’union d’un autre… D.S

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