Page 40 - catalogue_2013
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Traverse projette à l’UGC

               Le film file le métafilmique, on saisit mieux les questions du cadre, mieux la puissance iconogè-
     ne de la voix, mieux le montage guide. Ce faisant, il dépasse l’exercice appliqué en ouvrant le champ à la
     manière sociologique de distinguer un féminin d’un masculin ; en effet, il assène que les modèles du faire
     sont empruntés aux figures féminines de l’histoire du cinéma, de Marlène Dietrich à Isabelle Huppert.
     Dès lors, le triomphe de la digression de cet opus se comprend dans sa dernière bifurcation, vers laquelle
     tout converge. L’argumentation glisse des schèmes d’agissement copiés sur des modèles féminins et
     seulement féminins à la raison sociologique de l’imposition du vêtement selon le sexe.

               Le vêtement imposé selon les rôles sociaux liés eux-mêmes à la distinction du masculin et du
     féminin induit une distinction de liberté. Et le locuteur de défendre la robe qui contrairement au pantalon,
     ne compresse pas le sexe et, dès lors, n’oblige pas celle qui la porte à considérer son sexe comme
     « quelque chose de rare et de dangereux. »

               Mais l’élan du discours ne se peut arrêter sans se transmettre en un autre mouvement du corps
     et puisque l’homme déclencheur de l’histoire loin de vouloir tuer, prouvait sa détermination à se libérer de
     la gangue de son vêtement oppressif, il ne reste qu’à profiter des bras de l’autre pour danser, il avec lui.

                                                                                                     Simone Dompeyre

                                      Caroline BARC, Last Party, 6'40, 2010, France
                                      Last party s’entend dans sa littérale traduction de “dernière fête”, et j’en-
                                      tends celle-ci comme une dernière prière vaine alors que les explosions du
                                      feu d’artifices se mêlent aux paysages de la nuit puis j’imagine que la fin de
                                      ce dernier jour, sera doucement murmurée dans la cohésion de voix
                                      flottantes. Pour un plein moment.

                                             Cécile RAVEL, Dérives, 16'26, 2012, France
                                             Dérives doit se lire dans l’extension de ses significations : l’emporte-
                                             ment par le courant ou par le vent, la déviation par rapport à une
                                             norme ou par rapport à un axe de référence mais aussi comme le
                                             gouvernail d’un bateau ou d’un avion conçu précisément pour diriger
                                             et ne pas dériver...
     Les courants emportent les souvenirs et les portraits de ma famille que l’histoire a ballotée depuis
     différentes rives de la Méditerranée. Le désir de mémoire dialogue avec la volonté d’oubli: entre mémoire
     mouvante et souvenirs glacés, géographies instables et portraits pétrifiés.
     La caméra traque ces fictions familiales bavardes et muettes à la fois, paysages du non-dit, du secret et
    de la violence comme un exorcisme pictural et abstrait.
    De rares phrases - “Il n’y a pas d’amour”, “Il n’y a pas de respect”..., prises comme des objets de glace
    soumis aux aléas de la lumière ou de variations de températures, sèment des pistes volontairement
    incomplètes dans cet itinéraire familial.

                                           David VARELA, Last Portrait, 10', 2011, Espagne
                                           Dernier portrait, celui d’une ville, celui d’un peintre que l’on n’attendrait
                                           pas dans cette brume du Gange, les deux liés dans la litote. De l’hom-
                                           me occidental adoptant la large étole indienne, on sait seulement le
                                           désir de peindre et son habitude à peindre, ainsi si tôt, quand le fleuve
                                           est peu traversé, aucune parole n’est nécessaire entre lui et son rameur.

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