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L’Heure de Traverse Vidéo

         Sylvie DENET, Train Un, 3'30, 2012, France

         Un : numéro du wagon ou premier train emprunté… l’un ou l’autre est

         propice au déroulé du fantasme.

         Le bruit constant du train porte la dérive. Les paysages de l’autre côté de la

         vitre participent à la création : de collines rondes, noir et blanc, successives

         sortent deux hommes, silhouettes identiques, noir et blanc, avançant ; de

         grands cyprès importent des images d’envolée ; parfois un visage plus

insistant, en plan frontal, déborde l’espace ou bien se forme, se délite, se forme encore le groupe fillette

aux longs cheveux et homme/père qui la fait tourner ainsi qu’un avion.

L’animation fait et défait les éléments, les schémas ; elle accueille le corps humain pour de telles bribes de

rencontres/ souvenirs ; elle le défait en traces picturales de plus en plus rapides. Le train est celui de la

constitution d’un monde qui n’a pas à suivre la logique du quotidien, mais celle du désir, du souvenir, de la

pensée.                                                                 D.S

         Clément RICHEM, Terre et cendres, 5'46, 2012, France
         Un volume en terre, sable, argile, bois, papier, peinture, végétaux et autres
         matériaux est photographié avant d’être animé en vidéo.
         Terre et cendres devient peinture vivante, paysage en évolution.
         En ce terrain d’expériences de la matière et du temps, des civilisations naissent
         et déclinent, les ambitions humaines s’y confrontent aux lois de la nature.
         Ce paysage comme tout objet se charge d’histoire, en constante mutation.

          “ Le travail de Clément Richem parle de la vie, mais sans se limiter à celle des hommes.
À sa manière, il l’évoque en confondant tous les matériaux terrestres. Il n’y a pas de barrière entre vie
humaine, végétale ou minérale. L‘homme n’est pas que de chair, il est sculpté dans la pierre, la terre et la
poussière. La vie vient de la cendre, est un terreau en perpétuelle reconstruction, où chaque entité nourrit
l’autre et en mourant permet à la suivante de se bâtir…

          De façon plus profonde, il rappelle que ces cycles de vie sont infinis et que tout est lié dans un
magma vital. Et l’on pense à certains poètes du passé qui nous disaient que nous sommes faits de la
déliquescence de ce qui a été. Ce qui nous entoure est le fruit de l’Histoire.
Dans ses fresques, élogieuses et critiques à la fois, l’humain et le végétal se confondent en des scènes
rappelant celles des grandes batailles.
Et il s’agit bien de guerre ou du moins de lutte. Une lutte pour vivre, où chaque souche écrase l’autre et
l’on comprend ainsi que la vie est une bataille entre chaque être.
Cette lutte pour la vie effleure la notion d’infini recommencement, de répétition. Et non content de n’avoir
pas de limite de matière, il n’en a pas non plus en termes de dimension.
Ainsi se croisent l’infiniment petit et l’infiniment grand, les planètes sont en fait la poussière, le pied qui
écrase se voit écrasé à son tour par pied plus grand et ça, c’est la vie dans son aspect primal.
La joie et la mort se confondent, les scènes sont parfois grotesques, les créatures qu’il invente aussi,
résidus de ce qui nous résume, petits êtres dans un cycle bien plus vaste.”

                                                                                                    Claire Hannicq

         Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Histoire(s)                                                   53
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