Page 54 - catalogue_2013
P. 54

L’Heure de Traverse Vidéo

                                       Albert MERINO, La Fête de l'Art Contemporain, 20'19, 2011, France
                                       Le Conseil municipal du plaisir intellectuel organise un événement
                                       artistique, copiant les grandes fêtes populaires et lors duquel les organisa-
                                       teurs développent une stratégie complexe et ambitieuse afin de surmonter
                                       l'antagonisme entre art et médias. Critiques, galeristes, conservateurs,
                                       enseignants et autres spécialistes analysent le rôle des artistes dans cette
                                       célébration. L’idéalisation que subit l’œuvre de Cézanne, au mépris du
     projet pictural en tant que tel, dans l’imagerie contemporaine y est remplacée par l'exploitation de
     l'environnement.
                Le mentir vrai de La fête de l’Art contemporain connaît tous les rouages des systèmes de
     monstration mais aussi ceux de la formation et de la vente. Le commentateur est de ce monde-là, il plagie
     des œuvres et des concepts et pousse à l’extrême les désirs de spectaculaire, du gigantisme, la non
     réflexion qui guide, parfois, le in situ mais il glisse aussi les clichés concernant les banlieues et autres
     réalités contemporaines que l’on se permet au nom du regard artistique. Il croque les travers des galeris-
     tes et des analystes, des décideurs et des râleurs mais cela,sans le moindre trait de rancœur ni de colère.
     Une pincée d’auto-dérision se saupoudre tout au long de son itinéraire et c’est bonheur que de le suivre.

                                                                                                                      D.S

                                       David FINKELSTEIN, Ce néant effroyable, 30', 2009, Etats-Unis
                                       Ce Néant Effroyable interroge l’idée du choix et du dilemme.
                                       Tétanisés par la crainte de se tromper, les deux protagonistes se voient tous
                                       deux pris au piège dans les spirales du désir et tentent de fuir devant la
                                       perspective du choix, en se repliant dans une espèce de néant.
                                       Citrons, serpents et cygnes font partie de ces figures incongrues qui
                                       peuplent un tel univers.
     Parviendront-ils enfin à entendre la voix intérieure qui les guidera dans leur décision ?
     Cette vidéo, à l’instar de beaucoup d’autres de mes créations, a pris naissance lors d’une performance
     totalement improvisée de deux acteurs, Cassie Terman, et moi-même.
     Une fois la vidéo enregistrée, j’ai créé la musique et les images supplémentaires, comme un moyen
     d’examiner la teneur de ce qui apparaissait spontanément au sein de l’improvisation.

                                       les sœurs h, La vie de fraülein Erzebeth est une sorte de chaos
                                       organisé, 12'01, 2011, Suisse
                                       Sous une telle égide, celui d’un prénom marqué - Erzebeth, rejoint quasi-
                                       ment aussitôt par le patronyme Bathory avec sa sinistre réputation de tortu-
                                       res et de meurtres de jeunes filles, pour se baigner dans leur sang - la vidéo
                                       flotte sur une espèce d’inquiétude, une inquiétude douce, puisque la
                                       première menace est aussitôt repoussée, par le statut affichée de “femme
     /fräulein” et les manières d’être contemporaines fort éloignées de celles du XVIème siècle… Le titre, en
     surimpression sur le paysage suisse lacustre et montagnard, poursuit ce léger malaise par une association
     de mots : le “chaos organisé” en abordant ainsi la décision du film. Il en énonce, en effet, la faille constitu-
     tive, puisque rassemblés ces termes forment la périphrase définitionnelle de cosmos : le désordre devenu
     beau par le calcul d’un dieu mathématicien, ce que Le Timée platonicien défendait comme vision du monde
     logique. La vidéo porte la formule comme un oxymore, elle pratique cette figure, fondée sur un terme grec
     qui rassemble ὀξύς / spirituel, fin et μωρός / niais, stupide, ainsi c’est l’improbable, un “malin stupide, ou
     un spirituel sous une stupidité apparente” qui s’annonce et qualifie le projet.

54 Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Histoire(s)
   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59