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L’Heure de Traverse Vidéo
Albert MERINO, La Fête de l'Art Contemporain, 20'19, 2011, France
Le Conseil municipal du plaisir intellectuel organise un événement
artistique, copiant les grandes fêtes populaires et lors duquel les organisa-
teurs développent une stratégie complexe et ambitieuse afin de surmonter
l'antagonisme entre art et médias. Critiques, galeristes, conservateurs,
enseignants et autres spécialistes analysent le rôle des artistes dans cette
célébration. L’idéalisation que subit l’œuvre de Cézanne, au mépris du
projet pictural en tant que tel, dans l’imagerie contemporaine y est remplacée par l'exploitation de
l'environnement.
Le mentir vrai de La fête de l’Art contemporain connaît tous les rouages des systèmes de
monstration mais aussi ceux de la formation et de la vente. Le commentateur est de ce monde-là, il plagie
des œuvres et des concepts et pousse à l’extrême les désirs de spectaculaire, du gigantisme, la non
réflexion qui guide, parfois, le in situ mais il glisse aussi les clichés concernant les banlieues et autres
réalités contemporaines que l’on se permet au nom du regard artistique. Il croque les travers des galeris-
tes et des analystes, des décideurs et des râleurs mais cela,sans le moindre trait de rancœur ni de colère.
Une pincée d’auto-dérision se saupoudre tout au long de son itinéraire et c’est bonheur que de le suivre.
D.S
David FINKELSTEIN, Ce néant effroyable, 30', 2009, Etats-Unis
Ce Néant Effroyable interroge l’idée du choix et du dilemme.
Tétanisés par la crainte de se tromper, les deux protagonistes se voient tous
deux pris au piège dans les spirales du désir et tentent de fuir devant la
perspective du choix, en se repliant dans une espèce de néant.
Citrons, serpents et cygnes font partie de ces figures incongrues qui
peuplent un tel univers.
Parviendront-ils enfin à entendre la voix intérieure qui les guidera dans leur décision ?
Cette vidéo, à l’instar de beaucoup d’autres de mes créations, a pris naissance lors d’une performance
totalement improvisée de deux acteurs, Cassie Terman, et moi-même.
Une fois la vidéo enregistrée, j’ai créé la musique et les images supplémentaires, comme un moyen
d’examiner la teneur de ce qui apparaissait spontanément au sein de l’improvisation.
les sœurs h, La vie de fraülein Erzebeth est une sorte de chaos
organisé, 12'01, 2011, Suisse
Sous une telle égide, celui d’un prénom marqué - Erzebeth, rejoint quasi-
ment aussitôt par le patronyme Bathory avec sa sinistre réputation de tortu-
res et de meurtres de jeunes filles, pour se baigner dans leur sang - la vidéo
flotte sur une espèce d’inquiétude, une inquiétude douce, puisque la
première menace est aussitôt repoussée, par le statut affichée de “femme
/fräulein” et les manières d’être contemporaines fort éloignées de celles du XVIème siècle… Le titre, en
surimpression sur le paysage suisse lacustre et montagnard, poursuit ce léger malaise par une association
de mots : le “chaos organisé” en abordant ainsi la décision du film. Il en énonce, en effet, la faille constitu-
tive, puisque rassemblés ces termes forment la périphrase définitionnelle de cosmos : le désordre devenu
beau par le calcul d’un dieu mathématicien, ce que Le Timée platonicien défendait comme vision du monde
logique. La vidéo porte la formule comme un oxymore, elle pratique cette figure, fondée sur un terme grec
qui rassemble ὀξύς / spirituel, fin et μωρός / niais, stupide, ainsi c’est l’improbable, un “malin stupide, ou
un spirituel sous une stupidité apparente” qui s’annonce et qualifie le projet.
54 Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Histoire(s)