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L’Heure de Traverse Vidéo

                                       les sœurs h, P est amoureux de B, 2'09, 2011, Suisse
                                       L’esprit des sœurs h compose plus simplement mais dans la même
                                       déroute des codes que pour fräulein Erzebeth, ce qui tourmente P.
                                       Le long d’un travelling vertical et en phrases courtes et assertives, s’écrit le
                                       portrait d’un homme P. ou du moins, celui de l’état des lieux amoureux de
                                       cet homme.
                                       Sous le signe de la pluie, en gros plan sonore, s’amorce une suite de
     constats triviaux – « P fait exploser tous ses boutons / P détale comme un lapin » en total décalage avec
     l’immobilité de l’homme impliqué, qui reste imperturbable même lorsque le mouvement atteint son visage.
     Cette immobilité s’avère tout aussi éloignée des autres domaines abordés comme celui du sentiment selon
     lequel « P gémit intérieurement », et ses yeux découverts ne fixent que le rien, tournés vers le haut sans
     décision aucune.
     Rien ne perturbe l’homme, pourtant sous les assauts d’un bruit de machine radiographique avec arrêts et
     reprises, sous les assauts du parasitage de l’image.
     En effet :
     “P. est amoureux de B.
     P. se berce d’illusions
     P. nage dans une mare de fantasmes inassouvis.”

                                                                                                                      D.S

                                       Elsa FAUCONNET, Le Terrier, 15', 2011, France
                                       Le Terrier s’inspire librement de la nouvelle inachevée de Kafka, celle de
                                       l’histoire d’un être qui, après avoir obsessionnellement construit son terrier,
                                       glisse dans la folie et se persuade que son refuge est menacé par l’arrivée
                                       d’un autre. Le Terrier s’empare de ce moment de basculement au cours
                                       duquel la structure familière connue, et dès lors, censée abriter, découvre
                                       subitement une menace. Ainsi une femme et un homme arpentent une rue
     dont on ne sait plus si les maisons se construisent ou ont été démolies par une catastrophe sans nom.
     Dans cette traversée d’une ville nouvelle de la banlieue parisienne, l’habitat se détachant de sa fonction
     première, on ne sait plus s’il accueille ou menace-force à se tenir aux aguets.

                                       Charles RITTER, Le deuxième principe de la thermodynamique
                                       appliqué au mythe de l'éternel retour, 7', 2012, France
                                       Le long titre signe une équation énergétique - vidéo expérimentale - qui fait
                                       se toucher des corps étrangers dans un espace qui n’attendait pas ce
                                       désordre - la cuisine d’un film de fiction - avec une musique d’inspiration
                                       espagnole composée par un musicien français du début du XXème siècle -
                                       Ravel - jusqu’à l’acmé, et qui se déclare liée au concept philosophique
     nietzschéen.
     De la physique annoncée à la déconstruction de l’image référentielle - un couple danse puis fait l’amour -
     par l’envolée du flicker, sur le Boléro. L’intermédialité rayonne, non vainement en exercice mais parce
     qu’elle excite tous les sens et la polysémie d’ “histoire”.
     Cela implique des cheminements dans les savoirs pour saisir cette perspicacité-vidéo.
     Des corps dansent, s’échauffent, réveillant l’image de la première machine, l'éolipyle d’Héron d’Alexandrie

56 Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Histoire(s)
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