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Aurélie PEDRON / Indiana ESCACH
La Maison de Chair
Interview à bâtons rompus
La Maison de Chair est la performance d'une artiste québécoise, Aurélie Pedron, forme extirpée
d'un spectacle d’une heure écrit pour le théâtre, et dont la scénographie implique de la vidéo live, qui
s'intitule Chair, et qui s’inquiète des mémoires du corps de la femme… La performance est une
métonymie de cette question du corps et se fonde sur le rapport très proche du corps et de son image en
direct. Ainsi la petite poupée, devenue notre mascotte, est aussi ce par quoi se filme l’action, c’est en elle
qu'est intégrée une caméra web.
Ce qui intéresse Aurélie Pedron, c'est de transformer le rapport au corps, et grâce à la proximi-
té de la poupée dans un lieu si contraint, de très gros plans morcèlent complètement le corps ; la
performance provoque un corps différent de celui du théâtre appréhendé de beaucoup plus loin.
Aurélie a retenu, comme, une petite capsule, ce qui se passe dans la maison, et nous l’avons
retravaillé en un projet performatif pour une galerie d'art visuel ou pour des festivals, comme ici à Traverse
Vidéo ; le spectacle version intégrale diffère complètement par sa courbe dramatique, avec “une
histoire” alors que la performance, même si elle aussi, est écrite, s’en éloigne complètement et plus
encore, par son rapport de proximité avec le public. La Maison de Chair est prévue pour une dizaine de
spectateurs à la fois, dans un espace restreint, afin de provoquer un quasi rapport corps à corps avec eux,
et c'est ce qui, dans un premier temps, en tant que performeuse me trouble et m’intéresse à la fois, vivre
autant de proximité avec le public. Au même titre qu’il m’entend respirer, moi je l’entends réagir.
Et comme c'est une forme courte, d'une petite dizaine de minutes, je la reprends en boucle, il
est déjà arrivé à Aurélie de performer durant quatre heures. Par là, au point de la mise en résistance, en
danger ou de la prise de risque du corps de l’artiste, on retrouve l’idée de performance, qui, en effet, est
un péril du corps, on la retrouve dans cette répétition, qui nous fait entrer presque dans une transe au bout
d'un moment.
Performances - Histoire(s) 91