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Barbara FRIEDMAN & Gilivanka KEDZIOR

                                              [ECDYSIS]

     B : Un no man’s land qui en l’occurrence est un peu notre tête. Ce n’est pas forcément bon signe.
     Lors des deux dernières années, toutes nos performances outre celles dont nous avons envie ou que nous
     avons pensées peuvent être jouées un nombre de fois incalculable, parce qu’elles sont assez dépouillées,
     ce qui, à chaque fois s’enrichit… c’est un perpétuel changement.
     Nous avions pratiqué [ECDYSIS], une première fois, à Paris, d’abord parce que ce n’est jamais réellement
     la même performance. Comme nous attachons beaucoup d’importance au “feeling” et comme les
     salles sont différentes, les énergies sont différentes, le public est toujours différent. Cette fois-ci, la
     différence de taille de la salle a beaucoup rapproché le public de nous, à la même hauteur que nous alors
     qu’à la première version, nous étions sur scène, ce qui change en fait le contexte.
     Par ailleurs, personnellement je ne pense pas qu’on en ait fait le tour encore, d’autant que nous avons
     découvert une autre dimension, puisque à Paris, elle était le premier moment d’un triptyque ; ainsi en un
     laps de temps très, très court d’une performance à une autre, nous devions changer de peau.
     G : En effet, comme le dit Barbara, rejouer une performance est très enrichissant, parce que tout est impro-
     visé bien qu’un protocole soit établi à l’avance, et ainsi on le ré-expérimente, pour saisir jusqu’à quel point
     on peut le pousser et même le dépasser. En l’occurrence pour cette performance, quelque chose d’assez
     délicat reste à gérer, cette espèce de strip-tease très ritualisé, au cours duquel nous sommes obligées
     d’enlever tous ces vêtements qui ont déjà de petites ouvertures pas possibles avec des petits rubans et
     des petites choses. Pour moi, la rejouer encore, encore et encore jusqu’à ce que j’arrive à quelque chose
     de très épuré, qui devienne presque “japonais”, s’apparente à une espèce de cérémonie du thé où je m’é-
     plucherais comme ça, où tout serait millimétré, ce qui amène à expérimenter d’autres choses à travers ça.

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