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                     Traverse projette aux Abattoirs

                            Inversement, nul besoin de corde pour tenir la balançoire, la demi-circularité du déplacement de
                 l’enfant y suffit. Dans cette déclinaison du mouvant créateur, des traits mouvementés zèbrent le sol aux
                 pieds de l’enfant ; le corps de Clémence au lit « saute » comme « sautent » les lignes du drap qu’elle
                 remonte à plusieurs reprises…marque de son incapacité à faire front. En accalmie, le dessin du corps
                 prend le temps de se former, quand, au sortir de l’eau, la main se glisse sur le sexe et en sent l’odeur prise
                 sur les doigts.

                            Quand le désir inavoué d’avoir un enfant se répète en elle, le déplacement du dessin ébauche
                 un petit être inachevé entre le fœtus, l’homuncule ou le bébé, il est l’enfant à faire. Ainsi un lancer fin et
                 dynamique de couleur devient le cordon ombilical de la naissance ; il disparaît aussitôt pour une autre
                 forme/mouvement, comme la vie de l’enfant toujours déjà en train de se faire et réclamant de se défaire
                 pour être.

                            Le non contour s’il suit les projets du bébé à naître - celui qui demande à la femme de quitter
                 son état d’enfance pour que lui puisse naître - en distinguant la maison et deux écoles, les copains ou les
                 amoureuses qu’il oubliera ou pas… refuse la contrainte de l’installation dans la profondeur du champ. Les
                 espaces ne se prêtent pas à l’illusion d’un lieu particulier puisqu’ainsi que des encadrements de décor de
                 théâtre, ils se détachent… pas d’illusion de déplacement mais un passage du dessin qui fait, des monta-
                 gnes, les profils de Clémence.

                            Le mouvement n’est pas contenu dans le champ, c’est le champ qui naît de ces mouvements,
                 en heureuse adéquation avec le fondement pensé du film : les images d’une pensée en mouvement ne
                 peuvent être arrêtées par des limites concrètes. Les images d’une pensée ne peuvent être arrêtées par la
                 notion de réalisme. Le fil passe ainsi du souvenir du réel à la métaphore animale comme image de la face
                 sombre de la mère : « métaphore » c’est aussi porter un vocable dans un autre domaine de sens que son
                 sens premier, le dessin agit ainsi passant d’une figuration à une autre. Le flux du dessin y est synonyme
                 de flux visuel, lui-même synonyme du flux intérieur de la pensée.

                            En aparté
                            Les mots de « liberté », de « force inventive » portent cette lecture, or les dessins qui forment
                 ce film ont été composés, dans les dix jours d’une résidence publique, en mars 2012, à la médiathèque
                 de Tournefeuille, s’ouvrant à un autre OUXPO : l’OUANIPO: OUvroir d'ANImation Potentielle que Sébastien
                 Laudenbach pratiquait déjà depuis quelques années. C’est aussi un XBO Films présenté à Traverse Vidéo
                 par Luc Camilli.
                            D’autres Ouxpo/Ouvroirs d’X Potentiel Quaranta de Claudie Levesque P71 et Petits films de
                 Carole Contant P17.

                            Pour le plaisir des découvertes à engager, renvoyons à l’Ouvroir Potentiel inaugural,
                 l’OULIPO et à cette phrase de Perec que pourrait adopter Sébastien Laudenbach : « Au fond, je me
                 donne des règles pour être totalement libre ».

                            Et Perec tint le pari de rédiger un roman policier sans « e », la lettre la plus répandue de notre
                 langue; son titre: La Disparition dit celle de la lettre et du protagoniste au nom indiciel : Anton Voyl.

                                                                                                        Simone Dompeyre

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus                                                                           33
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